Une année de bandes dessinées sur le territoire francophone européen
par Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD
- Production – Une nouvelle progression due à la multiplication des genres et de l’offre : 5165 livres de bande dessinée ont été publiés en 2010 (soit 5,46% d’augmentation au lieu de 2,4% et 4863 titres en 2009), dont 3811 strictes nouveautés (contre 3599 l’année passée).
- Évaluation – 102 séries ou rares oeuvres indépendantes (contre 99 en 2009) ont bénéficié d’énormes mises en place et se sont placées parmi les meilleures ventes de livres, tous genres de livres confondus : mais les nouveaux marchés sont de plus en plus difficiles à conquérir !
- Édition – Ce sont toujours les mêmes 9 groupes (sur les 299 éditeurs qui ont publié des bandes dessinées en 2010) qui dominent le secteur en assurant 60% de la production.
- Traduction – La traduction des bandes dessinées étrangères est en augmentation : sur un total de 2094 nouveaux ouvrages (soit une progression de 203 titres par rapport à 2009), 1477 viennent d’Asie et 359 des USA.
- Réédition – Le nombre des nouvelles éditions, compilations et intégrales continue d’augmenter, et la qualité est plus que jamais au rendez-vous : 980, contre 892 en 2009, dont 178 oeuvres datant de plus de 20 ans.
- Création – En Europe francophone, 1446 auteurs tentent de vivre de leur métier : la bande dessinée ; pourtant ils sont bien plus nombreux à publier des albums sans que ce soit leur principale source de revenus !
- Diffusion – 13 principaux diffuseurs et distributeurs permettent la mise en place des albums de bande dessinée en librairie, mais le secteur ne se limite pas à ces circuits puisqu’il n’y a jamais eu autant de festivals, de spectacles et d’expositions dans de prestigieux espaces culturels qu’en 2010 !
- Prépublication – La bande dessinée est de plus en plus présente dans les journaux et magazines (quel que soit le sujet traité), et il y a encore 68 revues spécialisées.
- Mutation – Numérique, Internet, « média-mix »… : des marchés balbutiants qui prennent forme et modifient les habitudes des acteurs d’un secteur toujours source d’inspiration pour les autres moyens d’expression…Bilan téléchargeable avec annexesCrédits et remerciements
N.B. : la moindre utilisation de ces données ou d’une partie d’entre elles doit être obligatoirement suivie suivie de la mention : © Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée).
I – PRODUCTION
Une nouvelle progression due à la multiplication des genres et de l’offre : 5165 livres de bande dessinée ont été publiés en 2010 (soit 5,85% d’augmentation au lieu de 2,4% et 4863 titres en 2009), dont 3811 strictes nouveautés (contre 3599 l’année passée).L’extraordinaire richesse et segmentation du secteur provoquent une augmentation continue du nombre de sorties : ce qui explique que la production d’albums de bandes dessinées est, une nouvelle fois, en progression, pour la 15ème année consécutive ! 5165 livres appartenant au monde du 9e art ont été diffusés dans les librairies francophones ou via Internet en 2010 (4863, en 2009) : soit 302 titres de plus (+ 5,85%) qu’en 2009 où il y en avait eu 117 (soit +2,4%). Le tout ne représentant, cependant, que 7,91% de la production des livres édités en Europe francophone (contre 7,48% en 2009) : environ 65.000 livres ayant été publiés en 2010. En effet, d’autres domaines sont bien plus productifs : tels les sciences sociales, la littérature romanesque ou le livre jeunesse (respectivement 14,1%, 13,7% et 13,1% de la production globale, source : Livres Hebdo / Electre).
D’autant plus que, parmi ces 5144 opus, il faut bien discerner les catégories suivantes :
– les rééditions (et éditions revues ou augmentées) avec 980 titres sous une nouvelle présentation, c’est-à-dire 18,97% des bandes dessinées de l’année : contre 892 et 18,34% en 2009, soit une progression de 88 titres.
– les art books avec 297 recueils d’illustrations réalisés par des auteurs de bandes dessinées (5,75% des parutions bandes dessinées de 2010) : exactement le même nombre qu’en 2009, ce qui représentait alors 6,1%.
– les essais avec 77 ouvrages sur le 9e art (1,49% des parutions) : soit 2 ouvrages de plus qu’en 2009 où il y en avait 75, soit 1,54%.
– et les strictes nouveautés qui sont au nombre de 3811 en 2010 (73,79% du total des livres concernés par cette spécialité), pour 3599 et 74% en 2009, soit 212 albums en plus !
Or, parmi ces 3811 titres, 178 sont des reprises de bandes dessinées datant de plus de 20 ans qui n’avaient jamais été compilées sous forme de livres auparavant (soit 4,67% des nouveautés, contre 177 et 4,92% en 2009). Si l’on déduit ces 178 titres déjà amortis avec le temps et les 2094 traductions d’oeuvres achetées à l’étranger, on s’aperçoit, qu’en 2010, 1539 véritables nouvelles créations de bandes dessinées ont vu le jour en Europe francophone, soit 29,79% de la production globale d’albums : c’est-à-dire seulement 8 de plus qu’en 2009 où il y en avait 1531 (31,48%) !
Cependant, ces 3811 nouveaux albums concernent toujours les 4 mêmes principaux lectorats du 9e art :
– celui des séries « asiatiques » dont la production est stable : 1522 nouveaux mangas, manhwas, manhuas, global mangas et assimilés étant parus en 2010, soit 39,94% des nouveautés, contre 1460 et 40,57%, en 2009
– tout comme celui des bandes américaines : 297 comics sont parus en 2010, soit 7,79%, contre 270 et 7,5%, en 2009
– celui des amateurs d’albums atypiques dont le nombre recule légèrement : 393 romans graphiques et autres livres expérimentaux sont parus en 2010, soit 10,31%, contre 398 et 11,05%, en 2009.
– en revanche, la production explose au niveau des albums franco-belges : 1599 titres sont parus en 2010, soit 41,96%, contre 1471 et 40,87%, en 2009.
Par ailleurs, si les catalogues sont de plus en plus segmentés (les collections spécifiquement destinées à tel ou tel public, qu’il soit masculin ou féminin, se multiplient), ils sont tout aussi trans-générationnels et mondialisés : les auteurs européens, américains et asiatiques continuant de mixer leurs talents de plus belle ! Les catégories habituelles proposées par les éditeurs sont donc toujours aussi difficiles à recenser. Pourtant, 1303 nouveaux albums hors mangas et comics s’inscrivent dans des séries (contre 1196 en 2009), soit 65,41% des nouvelles créations ou traductions (63,99% en 2009).
Ceci permet alors de constater la stabilité des ouvrages destinés aux plus petits (avec 185 albums, le même nombre qu’en 2009 – soit 11, 57% du secteur) et les hausses systématiques de tous les autres genres :
– les recueils humoristiques avec 514 albums (contre 482 l’an passé) – soit 32,14% du secteur,
– les séries historiques avec 340 albums (contre 316 l’an passé) – soit 21,26% du secteur,
– le fantastique et la science-fiction avec 279 albums (contre 239 en 2009) – soit 17,45% du secteur,
– les thrillers et autres polars avec 241 albums (contre 212 précédemment) – soit 15,07% du secteur,
– et même les bandes dessinées érotiques qui reprennent force et vigueur dans un marché qui les avaient boudées pendant de nombreuses années avec 40 albums (soit 2,51% du secteur franco-belge), contre 37 en 2009.
Cette croissance du nombre de parutions est le fait de, pratiquement, tous les éditeurs ! En 2010, les plus puissants d’entre eux ont publié 2750 nouveautés (soit 72,16% du secteur), contre 2615 et 72,66% l’année passée. Quant aux « petites » structures, elles totalisent 1061 nouvelles parutions (soit 27,84% du secteur), contre 984 et 27,34% en 2009. Or, ces éditions, souvent artisanales, sont de plus en plus diffusées uniquement via Internet ou dans des lieux de vente très spécifiques : c’est du moins le cas pour 195 d’entre eux (contre 130 en 2009), titres qui n’embouteillent donc pas systématiquement les rayonnages des librairies spécialisées.
Même si cette immense production allait de pair avec l’augmentation de leur clientèle, il faut quand même bien reconnaître que ces librairies sont confrontées à un problème de surface et de disponibilité. Surtout quand 1974 albums – soit 38,22% de la production annuelle (il y en avait déjà 1912 et 39,3% en 2009) – sont mis en place entre septembre et décembre – période où les éditeurs font le plus gros de leur chiffre d’affaires – et que 62 d’entre eux font partie des 102 principaux « blockbusters » produits par la bande dessinée en 2010 !
102 séries ou rares oeuvres indépendantes (contre 99 en 2009) ont bénéficié d’énormes mises en place et se sont placées parmi les meilleures ventes de livres, tous genres de livres confondus : mais les nouveaux marchés sont de plus en plus difficiles à conquérir !
En effet, pour la première fois, depuis 14 ans, l’économie de la bande dessinée semble ne plus suivre la courbe ascendante de la production ! Tous les indicateurs ont noté un ralentissement de son activité sur les 3 premiers trimestres de 2010. Dans un contexte général durci depuis la crise financière de 2008, cela n’a rien d’étonnant ; et ceci n’est pas spécifique au 9e art puisque le marché du livre est, au mieux, stagnant ; cependant, il faut bien constater que la bande dessinée n’a plus été, en 2010, l’une de ses locomotives, comme elle a pu l’être par le passé : ses ventes évoluant, globalement, comme la moyenne de l’ensemble des ventes des autres secteurs de l’activité et moins bien que celles des livres de poche et de jeunesse.
D’après Livres Hebdo / I+C, les chiffres du 1er trimestre donnent, pour la bande dessinée, un recul de -4,5%, puis de – 2% au 2ème et un sursaut de +1,5% au 3ème : soit -1,5% sur les 9 premiers mois de l’année. Une évaluation de la tendance annuelle pour 2010 (c’est-à-dire sur des ventes sur 12 mois, entre octobre 2009 et septembre 2010) donnerait, approximativement, l’enregistrement d’un tassement situé autour de -1%. Comme d’habitude, il faudra attendre le début de 2011 pour affiner ce bilan économique de la branche bande dessinée pour l’année 2010 ; d’autant plus que le dernier trimestre, et surtout le mois de décembre, est toujours déterminant pour l’activité de ce domaine : la plupart de ses « best-sellers » étant sortis pendant le dernier trimestre, comme nous l’avons vu précédemment.
Et ce sont toujours les séries développées sur plusieurs médias qui se vendent le mieux : 102 d’entre elles ont été tirées à plus de 50.000 ex. (contre 99 l’an passé) et font l’essentiel du marché de ce secteur : les valeurs sûres franco-belges bénéficiant toujours d’importantes campagnes de communication ou d’exploitation dérivées. Cependant, les chiffres de tirage communiqués par les éditeurs sont souvent très inférieurs à ceux des années précédentes qui bénéficiaient toutes, et ce n’est pas le cas en 2010, d’un engouement autour de la sortie d’un nouvel Astérix ou d’un nouveau Titeuf : exceptionnels « produits d’appel » !
– Joe Bar Team de Pat Perna et Jenfaivre, d’après Bar2 (500.000 ex.)
– Largo Winch de Jean Van Hamme et Philippe Francq (470.000 ex.)
– Lucky Luke de Daniel Pennac, Tonino Benacquista et Achdé, d’après Morris (470.000 ex.)
– Blake et Mortimer de Jean Van Hamme et Antoine Aubin (450.000 ex.)
– Le Chat de Philippe Geluck (300.000 ex.)
– Le Petit Spirou de Tome et Janry (290.000 ex.)
– Thorgal d’Yves Sente et Grzegorz Rosinski, d’après Jean Van Hamme (250.000 ex.)
– Lanfeust Odyssey de Christophe Arleston et Didier Tarquin (250.000 ex.)
– Blacksad de Juan Diaz Canales et Juanjo Guarnido (245.000 ex.)
– Les Passagers du vent de François Bourgeon (220.000 ex.)
Viennent ensuite XIII Mystery de Yann et Éric Henninot (215.000 ex.), Les Mondes de Thorgal d’Yves Sente et Giulio De Vita (200.000 ex.), Les Bidochon de Christian Binet (185.000 ex.), Les Profs d’Erroc et Pica (180.000 ex.), Les Tuniques bleues de Raoul Cauvin et Willy Lambil (164.000 ex.), Cédric de Raoul Cauvin et Laudec (160.000 ex.), Trolls de Troy de Christophe Arleston et Jean-Louis Mourier ou Les Légendaires de Patrick Sobral (2 tomes à 150.000 ex. chacun), Les Blagues de Toto de Thierry Coppée, Game Over de Midam et Adam, la réédition couleur du 1er recueil de Titeuf de Zep ou Le Troisième Testament de Robin Recht, Alex Alice et Xavier Dorison (150.000 ex.), Yoko Tsuno de Roger Leloup ou Les Schtroumpfs du studio Peyo (140.000 ex.)… et bien d’autres séries souvent établies ou purs produits de marketing !
Si les chiffres de tirage diminuent, c’est que les éditeurs ajustent au mieux leurs coûts, quitte à réimprimer ; ceci afin de ne pas trop subir les conséquences des taux de retours et des frais relatifs au stockage, lesquels ne cessent d’augmenter. Il en découle donc que le tirage moyen baisse une fois de plus : l’écart n’en finissant pas de se creuser entre les « best-sellers » et les ventes moyennes !
Cependant, la série en album cartonné qui totalise le plus gros tirage de l’année est un comic. Il s’agit des Simpson, adaptation, par une équipe très diversifiée, du célèbre feuilleton animé télévisé de Matt Groening : il y a eu 7 opus, tirés entre 60.000 et 150.000 ex. chacun, soit un tirage total de 800.000 ex. pour 2010.
Du côté de la bande dessinée asiatique, à l’exception de l’adaptation du roman Twilight de Stephenie Meyer par Young Kim (tirée à 250.000 ex.) et du dernier Jirô Taniguchi, Les Années douces (50.000 ex.), seules 9 séries (publiées chez 5 éditeurs) assurent plus de 50% des ventes dans leur globalité : et c’est toujours Naruto qui bat tous les records avec son tirage de 250.000 ex. à chaque nouveau tome ! Il y en a eu 6 en 2010, cela donne un tirage total de 1.500.000 ex. ! On retrouve évidemment les autres vedettes de la bande dessinée japonaise que sont One Piece (4 volumes entre 85 et 95.000 ex.), Fullmetal Alchemist (2 entre 70 et 75.000 ex.), Bleach (5 à 60.000 ex.), Hunter x Hunter (1 à 50.000 ex.), le manga français Dofus (2 titres à 50.000 ex.), sans oublier le fonds Dragon Ball qui se vend toujours aussi bien. Ce secteur moins rentable qu’autrefois semble, toutefois, se trouver de nouveaux leaders : Fairy Tail (6 tomes tirés entre 80 et 100.000 ex.) et Soul Eater (6 volumes entre 40 et 55.000 ex.), ou encore D. Gray-Man, Pluto, Bakuman, Black Butler, Doubt, Saint Seiya : la légende d’Hades, Vampire Knight, Monster Hunter Orage, Switch Girl !!… séries assez récentes qui sont tirées, pour le moment, autour de 40.000 ex. !
Ce sont toujours les mêmes 9 groupes (sur les 299 éditeurs qui ont publié des bandes dessinées en 2010) qui dominent ce secteur en assurant 60% de la production.
Les séries les plus populaires font l’essentiel de l’économie du secteur bande dessinée, grâce aux auteurs qui les dessinent, les scénarisent ou les colorisent ; mais aussi grâce à leurs éditeurs : un métier en voie de développement qui s’affirme, encore, comme l’un des acteurs majeurs du secteur. En 2010, 299 éditeurs différents ont publié des albums de bandes dessinées (soit 11 de plus qu’en 2009, où il y en avait déjà 288). Ceci dit, ce développement ne bouleverse guère la situation puisque, comme les années précédentes, ce sont toujours les mêmes 9 groupes qui concentrent 2/3 des activités, en ayant, une nouvelle fois, augmenté leur production.
Depuis 2 ans, le plus gros producteur d’albums est le groupe Média-Participations avec, pour 2010, 675 titres publiés sous ses filiales Dargaud, Dargaud Benelux, Kana, Le Lombard, Dupuis (agrandie avec le transfert des éditions Graton), Blake et Mortimer, Lucky Comics, Fleurus/Édifa et son nouveau label spécialisé dans les beaux livres Huginn & Muninn – soit 13,07% de la production (pour 586 et 12,05% l’année passée). En 2009, Média-Participations représentait 30,5% des ventes d’albums en France (en nombre d’exemplaires), d’après les données Ipsos et Livres Hebdo mises en annexes (étant donné que nous n’avons pas encore celles de 2010) !
– Le groupe Glénat est toujours, économiquement, le 2ème plus important éditeur du secteur : sa part de ventes d’albums en France, en 2009, était de 14,9%, et il est aussi à la 3ème place sur le plan de la production avec 430 titres, soit 8,33% (contre 413 et 8,49% en 2009), sous son propre label ou sous ses filiales Mangas, Vents d’Ouest, Caravelle, Drugstore, Treize Étrange ou le récent Glénat Disney allié à Disney Hachette Presse.
– Les éditions Delcourt (qui représentaient déjà 9,9% des ventes d’albums en 2009) sont désormais en 3ème position. La maison mère, dont le catalogue est l’un des plus diversifiés, et son département manga (via Akata et la filiale Tonkam) ont publié 521 titres, soit 10,09% : encore plus que l’an passé (482 albums et 9,91%, en 2009).
– Le groupe Flammarion (filiale du groupe de communication italien RCS) gagne du terrain et est à la 4ème place sur le plan économique (ayant réalisé 8,2% des ventes en nombre d’exemplaires, en 2009) : alors que ses labels Casterman, KSTR, AUDIE/Fluide Glacial, Jungle et Librio diminuent leur production avec 254 titres en 2010, soit 4,92% (contre 271 et 5,57% en 2009).
– Juste derrière (avec 6,8% des ventes en nombre d’exemplaires en 2009), on trouve le groupe MC Productions qui a stabilisé sa production : totalisant 374 titres sous ses filiales Soleil, Soleil Manga et Quadrants (Fusion Comics ayant été légué à Panini), soit 7,24% de la production (contre 380 et 7,81% en 2009).
– Un peu plus loin, en 6ème position (8,2% des ventes en nombre d’exemplaires en 2009), on trouve la partie bande dessinée du groupe leader de l’édition française Hachette Livres, lequel possède, comme filiales publiant de la bande dessinée, les éditions Albert-René (dont la principale activité est l’exploitation d’Astérix), Pika, Marabout, L.G.F. et Larousse, avec 214 titres, soit 4,14% (contre 204 et 4,19% en 2009).
– Suivent 3 groupes toujours en pleine croissance économique : Panini qui, avec 283 mangas et comics – soit 5,48% (contre 310 et 6,37% en 2009), est le 5ème plus gros producteur de l’année alors que ses ventes en nombre d’exemplaires représentaient 2,8% en 2009. Bamboo avec 146 titres – soit 2,83% (contre 136 et 2,8% en 2009) – et 3,1% des exemplaires vendus en 2009. Kurokawa, la filiale manga du groupe Editis, avec 77 titres – soit 1,49% (76 et 1,56% en 2009) – et 2,8% d’exemplaires vendus en 2009.
Derrière ces 9 majors, on remarque quelques outsiders aux productions imposantes comme Kazé (ex-Asuka) avec 185 mangas, Clair de Lune avec 97 titres, le groupe Gallimard (et ses filiales Denoël, La Table ronde, Hoëbeke et Futuropolis dans laquelle il a augmenté sa participation de capital, au détriment de Soleil) avec 85 ouvrages, Ki-oon et Taïfu avec 77 et 76 mangas, 12 bis et Ankama avec 57 et 52 albums.
Cette très forte concentration laisse donc toujours très peu de place aux autres éditeurs moins bien armés qui, à eux tous, ont publié 1564 titres en 2010 et ne représentaient que 6,8% des exemplaires vendus en 2009 ! Il s’agit des éditeurs de mangas ou manhwas Taïfu et Samji, des acteurs de l’édition jeunesse (Asteure, Bang, Bayard/Milan, Calligram, Dragon d’or, L’École des Loisirs, La Gouttière, La Joie de Lire, Jouvence, Magnier, Max Milo, Petit à petit, Sarbacane…), des opérateurs littéraires (Actes Sud BD et L’An 2, L’Atalante, City, De Borée, Les Échappés, Fetjaine, Gawsewitch, Hors Collection, L’Harmattan, La Martinière, Picquier, Vuibert…) et des entreprises au catalogue classique pourtant assez solide à l’instar d’Akileos, Carabas/Tournon, Desinge, Les Deux royaumes, EP Emmanuel Proust Éditions, Hugo BD, Les Humanoïdes associés, Joker, Lécureux, Marsu, Mosquito, Nickel, Paquet, Zéphyr et des dynamiques nouveaux venus Kantik et Mad Fabrik…
Sans oublier les plus petits éditeurs (Ange, Assor BD, Bac@bd, Coccinelle, Daric, Flouzemaker, Le Gang, Idées +, JYB, Maghen, Makaka, Orphie, Secher, Éditions du Signe, Le Stylo Bulle, Vagabondages, Wygo…) et les structures alternatives (L’Association, Atrabile, Beaulet, La Boîte à Bulles, Çà et Là, La Cafetière, Cambourakis, Les Éditions du Canard, La 5ème Couche, Cornélius, Des Ronds dans l’O, Diantre !, Dynamite, Ego comme X, L’Employé du moi, Les Enfants Rouges, En Marge, Flblb, FRMK, Groinge, Hécatombe, Hoochie Coochie, Homecooking Books, Les Impressions nouvelles, Même pas mal, Le 9e monde, L’OEuf, Onapratut, PLG, Rackham, Les Requins Marteaux, Les Rêveurs, 6 Pieds sous Terre, Tabou, Vertige Graphic, Warum, Yodéa…) ou communautaires (Manolosanctis, Sandawe…) qui sont souvent obligés de réduire la voilure : la période n’étant guère propice aux expérimentations graphiques et narratives !
La traduction des bandes dessinées étrangères est en augmentation : sur un total de 2094 nouveaux ouvrages (soit une progression de 203 titres par rapport à 2009), 1477 viennent d’Asie et 359 des USA.
Si le succès remporté à l’étranger par les romans graphiques, en librairie généraliste, permet une forte activité de la bande dessinée francophone à l’export, les éditeurs francophones sont toujours autant attirés par les oeuvres venant d’autres pays (car ce sont des achats fermes qui ne nécessitent pas de reversement de droits d’auteurs). En effet, en 2010, 2094 bandes dessinées ont été traduites – c’est-à-dire 54,95% des nouveautés – contre 1891 et 52,5%, en 2009 : le marché francophone étant l’un des plus ouverts, en matière de bande dessinée. Ces 2094 traductions proviennent de 28 pays différents (22 en 2009) dont l’Asie, les U.S.A., l’Italie et l’Espagne ; mais aussi les Pays-Bas (25 contre 15 en 2009), l’Angleterre (15 contre 19 en 2009), l’Argentine (9 contre 13 en 2009), la Finlande (7 contre 4 en 2009), l’Allemagne (6 contre 7 en 2009), la Suède (4 contre 0 en 2009), l’Afrique du sud, Israël, la Norvège, l’Ukraine, la Russie, la Croatie, le Portugal, le Mexique…
L’Asie reste le plus important fournisseur puisque, dans un secteur de plus en plus concurrentiel, il y a encore eu 1477 albums d’origine asiatique parus en 2010 (contre 1429 en 2009) ; ce qui correspond à 496 séries différentes (contre 538 en 2009) : ces bandes dessinées traduites du japonais, du coréen ou du chinois, sont publiées chez 39 éditeurs différents (au lieu de 41 en 2009) et représentent 38,76% de la production des nouveautés du secteur, soit plus d’1/4 de son chiffre d’affaire.
Même si leur production marque un peu le pas (alors que le gouvernement japonais déclare soutenir leur exportation), ce sont surtout les 1355 mangas japonais traduits en français, soit 35,55% des nouveautés, contre 1297 et 36,04% en 2009, qui ont toujours la faveur d’un lectorat fidèle, plus jeune et plus féminin que celui de la bande dessinée francobelge ; lequel apprécie particulièrement leur moindre coût, la succession des nouveaux tomes dans des délais très rapprochés et leur contenu proche de leurs préoccupations. En effet, les manhwas coréens (106 en 2010 pour 107 en 2009) et les manhuas chinois (14 en 2010 pour 23 en 2009) – sans parler des créations de mangas européens (46 contre 33 l’an passé) – peinent toujours autant pour s’imposer sur le marché !
Comme seuls 9 shônen (séries pour jeunes garçons) ou shôjo (pour les filles) dominent 50% des ventes des mangas traduits en français sur le territoire francophone européen, on retrouve évidemment leurs éditeurs parmi les 14 labels qui tiennent, à eux seuls, l’essentiel de l’économie de ce domaine. Kana a perdu du terrain, mais est encore en tête avec 25,2% des exemplaires du secteur vendus en 2009, 157 volumes publiés en 2010 et une nouvelle reconnaissance critique de son catalogue (le Prix Asie-ACBD ayant été décerné, cette année, à la série Pluto de Naoki Urasawa d’après Osamu Tezuka, pendant Japan Expo). Glénat Mangas, qui reprend de belles couleurs, le suit de très près avec 24,9% en exemplaires vendus et 158 volumes parus ! Assez loin derrière, on trouve Pika (13,3% et 191 volumes) et Delcourt (105 volumes via Akata et 161 par sa filiale Tonkam) avec 10,5% ; ensuite, le secteur est détenu, dans une moindre mesure, par Kurokawa (7,8% et 77 volumes), Panini Manga (4,9% et 99 opus) et Ki-oon qui, avec 3,4% et 77 ouvrages, est l’éditeur de mangas traduits en français qui a le plus progressé ces dernières années, puis par Kazé Manga/Asuka (2,2% et 185 tomes), Ankama (2,2% et 52 albums), Soleil Mangas (2,1% et 101 volumes), Taïfu (0,8% et 76 mangas), Casterman avec Sakka (0,8% et 34 volumes) et Bamboo avec Doki-Doki (0,6% et 59 albums).
Tous les autres éditeurs francophones publiant des bandes dessinées asiatiques ne représentent, à eux tous, que 1,4% du marché du manga en nombre d’exemplaires vendus (d’après Livres Hebdo et Ipsos) : que ce soit Athenagram, BFL, Bragelonne (Milady), Carabas (Kami) qui déclare forfait pour cette catégorie, 12 bis, H, Imho, Le Lézard noir, Matière, Muffins ou encore Clair de Lune, Kantik, Paquet et Samji (pour la bande dessinée coréenne) et Elytis, Xiao Pan ou You-Feng, Fei pour la chinoise, sans oublier certains généralistes plutôt axés seinen (bande dessinée pour jeunes adultes) à l’instar de Cornélius, Flblb, Vertige Graphic…
Cependant, les bandes dessinées américaines ont toujours le vent en poupe : on en dénombre 359 en 2010, soit 9,42% des nouveautés (contre 312 et 8,92% en 2009). Les comics mettant en scène les super-héros (X-Men, Spider-Man, Batman, Superman…) sont les plus nombreux et sont toujours le domaine privilégié de Panini, le leader incontesté de ce secteur. D’autres éditeurs, plus ou moins spécialisés dans la bande dessinée américaine, essaient, quand même, de s’imposer sur ce marché très spécialisé : tels Akiléos, Le Cousin Francis, Dante, Delcourt, EP Emmanuel Proust Éditions, Kymera, Le Lombard, Merluche Comics, Milady Graphics (Bragelonne), Outworld, Semic (groupe Tournon), Soleil US, Tanibis, Univers Comics, Wetta World Wide…
Malgré leur succès limité auprès du lectorat francophone, les traductions italiennes continuent leur expansion : 77 titres en 2010, soit 2,02% des nouveautés, pour 65 et 1,8% l’an passé. Ceci est notamment le fait des efforts des éditions Clair de Lune et Mosquito qui tentent, depuis quelques années, d’imposer les fumetti (bandes dessinées en noir et blanc d’origine transalpine) dans nos contrées !
Par ailleurs, même si ce phénomène existe depuis plusieurs années, il faut souligner la nette recrudescence des auteurs italiens (40 en 2010 contre 32 en 2009) publiant directement en français. Notons que ces productions ne sont pas considérées comme des traductions. C’est aussi le cas pour les 23 dessinateurs venus des pays de l’Est (18 en 2010) ou les 21 d’Espagne (15 en 2010) alors que ces derniers commencent à constituer une véritable nouvelle école aussi graphique que narrative : d’ailleurs, 28 titres publiés d’abord dans ce pays ibérique (contre 20 en 2009) ont encore été traduits sur le territoire francophone européen, en 2010.
Le nombre des nouvelles éditions, compilations et intégrales continue d’augmenter, et la qualité est plus que jamais au rendez-vous : 980, contre 892 en 2009, dont 178 oeuvres datant de plus de 20 ans.
En cette période de crise, où une partie du lectorat se réfugie plus facilement vers des valeurs sûres, les éditeurs multiplient les rééditions qui sont facilement sources de marges, puisque ces titres sont déjà amortis. Cependant, depuis 3 ans, à l’instar des éditions Dupuis qui se sont vraiment distinguées à ce niveau (avec des albums tirés entre 8 et 20.000 ex.), ils mettent un point d’honneur à revaloriser et restaurer au mieux leur patrimoine, accompagnant, souvent, ces nouvelles éditions d’oeuvres peu connues des jeunes générations, d’un dossier documenté qui les replace dans leur contexte.
Ainsi, en 2010, nous avons eu droit à 980 belles remises en valeur (892 en 2009), dont 321 intégrales et 168 tirages de luxe (contre 319 et 74, l’an passé), mais aussi à 23 compilations rhabillées en nouveautés, de la part des éditions Akiléos, AUDIE/Fluide Glacial, Casterman, Cornélius, Dargaud, Delcourt, Dupuis, Futuropolis, Glénat, Kana, Kazé/Asuka, Le Lézard noir, Le Lombard, Marsu, Mosquito, Panini, Rackham, Les Rêveurs, Soleil, Vents d’Ouest, Vertige Graphic…
Cette forte tendance, qui leur apporte, en plus, une légitimité non négligeable en terme d’image, est également présente chez les éditeurs traducteurs de séries américaines, italiennes ou asiatiques puisqu’on dénombre aussi 66 rééditions de comics (116 en 2009), 116 de mangas (95 en 2009), 29 de fumetti (35 en 2009) et 22 de manhwas (16 en 2009).
Au final, en cette année des 80 ans de Quick et Flupke, des 50 ans de Benoît Brisefer, des 40 ans de Natacha et de Yoko Tsuno, ou de la commémoration des 20 ans de L’Association, 178 titres datant de plus de 20 ans (soit 4,67% des nouveautés, contre 177 et 4,92% en 2009) ont été édités en album pour la première fois.
Toutefois, ce regain d’intérêt pour le patrimoine est surtout dû à la passion et à la nostalgie des responsables de « petites » structures (se diffusant souvent par leurs propres moyens), lesquels réalisent un nécessaire travail de transmission en publiant, à un nombre réduit d’exemplaires, des récits qui, sans eux, seraient tombés dans l’oubli. Il faut donc saluer, comme il se doit, les initiatives de Aarsinoe, Les Amis de Le Rallic, Ananké, Ange, Association des Amis de René Giffey, BDartist(e) avec leur remarquable résurrection du Terry et les pirates de Milton Caniff, BD Must, Bleu et Noir, Bonnet Bleu, Club des Amis de Trubert, Le Coffre à BD, Connaître Chott, Cousin Francis, CP Édite, L’Élan, Hexagom Comics, Hibou, Images innées, Pan Pan, Planche à bulles, P’tit Louis, Regards, Sangam, Taupinambour, Toth, Triomphe, Univers Comics ou La Vache qui médite. D’autant plus que les auteurs et oeuvres qu’ils mettent en avant sont rarement signalés dans les 77 livres écrits sur le 9e art (75 en 2009), dont 31 monographies et 15 guides pratiques, de 2010, et que rares sont les sites méritoires qui mettent en valeur cette facette historique, à l’instar de bdoubliees.com, coconino-world.com, « Le Coin du patrimoine » sur bdzoom.com, collections.citebd.org, pimpf.org, conchita.over-blog.net…
Ces derniers n’hésiteront d’ailleurs pas à entretenir la mémoire des 14 personnalités francophones du secteur disparues en 2010 :
– Pierre Couperie : historien du 9e art rigoureux et passionné
– Tibet : l’auteur de Chick Bill et le dessinateur de Ric Hochet
– Jacques Martin : le créateur d’Alix et Lefranc
– Eugène Collilieux : dessinateur à Total Journal et à Record
– Philippe Bertrand : dessinateur à Pilote et adaptateur du Montespan de Jean Teulé
– Philippe Josse alias Barberousse : dessinateur animalier ayant réalisé quelques bandes dessinées
– Antonio Parras : dessinateur espagnol vivant en France (Ian Mac Donald, Les Inoxydables et Le Lièvre de Mars)
– Christian Desbois : célèbre galeriste parisien
– Victor de la Fuente : autre dessinateur d’origine espagnole vivant en France (Haxtur, Sunday et Haggarth)
– Bernard Giraudeau : célèbre acteur et écrivain qui fût aussi scénariste de bandes dessinées pour Christian Cailleaux
– André Geerts : auteur de Jojo et de Mademoiselle Louise
– Patrick Cauvin : romancier qui fût scénariste pour Enki Bilal, Max Cabanes et Morris
– Roger Mas : le créateur de Pifou
– Marc Henniquiau, l’un des dessinateurs des Alix de Jacques Martin
En Europe francophone, 1446 auteurs tentent de vivre de leur métier : la bande dessinée ; pourtant, ils sont bien plus nombreux à publier des albums sans que ce soit leur principale source de revenus !
Il y a de plus en plus d’auteurs vivant sur le territoire francophone européen présents sur le marché : en 2010, ils étaient 1689 à publier au moins un nouvel album (1396 en 2009), alors qu’ils ne sont que 1446 (1439 en 2009) à vivre de ce mode d’expression ! 176 sont des femmes, soit 12,17% (160 et 11,12% en 2009), et 272 sont scénaristes sans être également dessinateurs, soit 18,81% (257 et 17,86% en 2009).
À ce nombre, il faut rajouter 141 coloristes professionnels ayant colorié au moins 2 albums dans l’année (106 en 2009), dont 76 sont de sexe féminin ; ces derniers continuent à se mobiliser pour valoriser leur métier et obtenir un vrai statut d’auteur.
Pour survivre, la grande majorité de ces créateurs doit avoir au moins 3 albums disponibles au catalogue d’éditeurs bien diffusés et un contrat en cours, un emploi régulier dans la presse ou l’illustration jeunesse, ou accepter divers travaux dans d’autres domaines : les places étant de plus en plus rares et mal rétribuées. Cette situation précaire, aux retombées incertaines, vient d’être mise en exergue par une étude sur ce métier en Belgique, réalisée à l’initiative de la SMartBe, association professionnelle des métiers de la création.
13 principaux diffuseurs et distributeurs permettent la mise en place des albums de bande dessinée en librairie, mais le secteur ne se limite pas à ces circuits puisqu’il n’y a jamais eu autant de festivals, de spectacles et d’expositions dans de prestigieux espaces culturels qu’en 2010 !
Si les auteurs et les éditeurs sont les principaux acteurs du secteur, il n’en demeure pas moins que les diffuseurs et les distributeurs sont, plus que jamais, les maillons forts de la chaîne du livre. La mise en place des albums étant devenu un atout primordial pour leur bonne valorisation et exposition dans les librairies ; et particulièrement dans les grandes surfaces (où l’on trouve facilement meilleures ventes et nouveautés, ouvrages privilégiés par le système actuel) et dans les réseaux en pleine évolution que sont les FNAC, Virgin, Canal BD, Album…
Aussi, les éditeurs ont-ils tout intérêt à posséder leur propre structure de diffusion ou de distribution : ce qui est le cas de Média-Participations (avec Média Diffusion/MDS qui, d’après Livres Hebdo, représente 22% du chiffre d’affaire du groupe et lui permet même d’augmenter sa rentabilité), de Casterman (avec Union Distribution et Flammarion Diffusion), de Delcourt et Soleil (avec Delsol), de Glénat avec Glénat Diffusion (alors que leur distribution reste confiée à Hachette, le leader de cette profession qui, rien que pour la bande dessinée, s’occupe aussi de Pika, Panini, Bamboo et de la plupart des éditeurs diffusés par La Diff ou par Delsol) ou encore de Gallimard qui vient de racheter la Sofédis, filiale de diffusion de Bayard, mais qui continue pourtant à confier la diffusion de son fonds bande dessinée à Delsol !
Évidemment, les éditeurs travaillant avec des diffuseurs et distributeurs aux moindres moyens (Le Comptoir des indépendants – dont l’activité doit être reprise partiellement par Les Belles Lettres –, Makassar, Harmonia Mundi…) n’ont pas le même poids : d’où les choix récents de certaines entreprises qui préfèrent s’assurer les services de structures qu’elles jugent plus appropriées, à l’instar d’Emmanuel Proust qui vient de passer chez Interforum (société de commercialisation et distribution du groupe Editis), au détriment de Volumen, ou de Calligram qui compte désormais sur Média Diffusion/MDS pour optimiser la mise en place de ses Max et Lili.
Toutefois, l’importance du 9e art n’est pas qu’économique puisqu’il n’y a jamais eu autant de festivals, de spectacles et d’expositions majeures dans de prestigieux espaces culturels : les liaisons entre la bande dessinée et l’art contemporain ou l’architecture ayant été, en particulier, fort bien utilisées cette année, car le secteur continue de se faire une place enviée sur le marché sélectif de l’art avec un grand A. Cette respectabilité donne d’ailleurs lieu à diverses commandes d’images : ainsi, 297 recueils d’illustrations, dont 60 recueils de dessins d’humour et 78 textes illustrés, sont parus en 2010.
La visibilité de la bande dessinée s’accroît donc d’année en année au travers des festivals, fêtes ou salons. Du 1er janvier au 31 décembre 2010, on dénombre 351 festivals, salons ou bourses BD dont 26% ont réalisé leur 1ère ou 2ème édition cette année. Un tiers de ces rendez-vous dépasse la 10ème édition. Le programme bat son plein toute l’année, mais encore plus spécialement de mars à mai et en novembre. Si le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême reste, de loin, l’événement incontournable du secteur (revendiquant sur 4 jours 215.000 visiteurs et 1500 auteurs présents), 36 autres festivals ou salons accueillent plus de 50 auteurs BD principalement en France, en Belgique et en Suisse. Les festivals les plus attractifs sont Quai des Bulles à Saint-Malo qui a fêté ses 30 ans en 2010 puis bd BOUM à Blois où se réunit l’ACBD. Suivent, dans l’ordre alphabétique, pour leur plateau d’auteurs et la diversité de leur programme (des expositions aux conférences) : Aix-en-Provence, Amiens, Aubenas, Audincourt, Bastia, Brignais, Chambéry, Colomiers, Illzach, Lyon et Strasbourg en France, Corminboeuf, Lausanne et Sierre en Suisse, Contern au Luxembourg et Andenne, Arlon, Bruxelles Ganshoren, Saint-Gilles et Wavre en Belgique.
Les salons ou foires du livre offrent une part grandissante à la BD et au manga, spécialement à Brive-la-Gaillarde, Bruxelles, Genève, Limoges, Pacy-sur-Eure ou Paris, sans oublier le salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil. La majorité des événements sont gratuits (69%) ou à des prix modérés (23% entre 1,00€ et 4,00€) et mettent en avant les dédicaces des auteurs. Hormis les grands salons ou les festivals les plus courus qui dépassent souvent un prix d’entrée de 7,00€ à la journée hors tarif réduit, les rencontres les plus onéreuses sont dédiées au manga et aux comics comme Japan Expo à Villepinte (164.000 visiteurs) ou Paris Manga.
Au total, sur l’année, plus de 9000 invitations d’auteurs ont été honorées en 2010. De fait, près de 250 manifestations reçoivent plus de 10 auteurs de BD, pour une moyenne de 31 auteurs par événement. Si plusieurs sites (agendaBD.com, bd75011.blogspot.com ou opaleBD.com) et magazines ([dBD], CaseMate ou Zoo) annoncent ces rencontres, il manque encore un outil pour les comparer et les qualifier, notamment les 101 événements invitant plus de 30 auteurs.
La reconnaissance du medium à tous niveaux et le va-et-vient entre les différents supports (la bande dessinée est toujours autant courtisée par les autres industries du loisir) assurent également une certaine visibilité dans les médias : les journalistes parlant du 9e art sont de plus en plus nombreux, quel que soit le support (avec plus ou moins d’importance, de régularité et de qualité dans les contenus). La plupart d’entre eux sont réunis au sein de l’ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée) qui remet, tous les ans, le Grand Prix de la Critique à un album remarquable paru dans l’année ; en 2010, il a été décerné à Asterios Polyp de David Mazzucchelli chez Casterman.
La bande dessinée est de plus en plus présente dans les journaux et magazines (quel que soit le sujet traité), et il y a encore 68 revues spécialisées.
Les journalistes de la presse écrite s’impliquent aussi très souvent pour favoriser la publication de bandes dessinées dans leurs supports : en 2010, 396 albums y ont été proposés en avant-première (soit 10,39% des nouveautés, contre 395 et 10,95% en 2009) ; le groupe Média-Participations se plaçant, là encore, en position de leader du secteur, grâce à sa filiale Mediatoon qui agit à la manière d’un syndicate américain en vendant ses séries aux journaux non spécialisés. Par ailleurs, certaines revues prestigieuses, comme Marianne, L’Express ou Beaux Arts Magazine, continuent de sortir des n° hors série plus ou moins opportuns sur le sujet, alors que d’autres comme Télérama, Le Figaro ou Le Soir, associés aux éditeurs traditionnels, proposent toujours des ventes d’albums (couplées ou non) en kiosques : une façon de redynamiser les classiques et d’essayer de palier à l’érosion de la clientèle que connaît toujours ce secteur de la distribution. D’ailleurs, les éditeurs de magazines n’hésitent pas, aujourd’hui, à prolonger leur lectorat vers le numérique ou sur Internet et à proposer de plus en plus de produits accompagnant leurs revues : CD, DVD, jouets ou albums de bandes dessinées !
Quant aux 68 périodiques qui publient majoritairement de la bande dessinée (ils étaient 64 en 2009), ils souffrent toujours de la concurrence de l’album…, et ceci depuis bientôt 40 ans ! Dans le réseau kiosque, on dénombre pourtant 16 magazines qui proposent des créations de bandes dessinées européennes (il n’y en avait que 14 en 2009), certains éditeurs misant encore sur le lancement de nouveaux titres ; alors qu’il est difficile de maintenir le lectorat, même pour des titres pour enfants, bien identifiables, comme Le Journal de Mickey (tirage moyen 185.000 ex.) et les autres revues éditées par Disney Hachette Presse (Super Picsou Géant avec 238.000 ex., Mickey Parade Géant avec 180.000 ex., Picsou Magazine avec 165.000 ex., Witch Mag avec 135.000 ex., Winnie avec 130.000 ex., Bambi avec 60.000 ex., etc.), Spirou (toujours à 100.000 ex. au numéro) ou Tchô ! et Lanfeust Mag qui baissent, respectivement, leur tirage de 60 à 40.000 et de 40 à 30.000 ex. !
Le constat est le même en ce qui concerne les mensuels qui s’adressent à un large public adulte : tels Fluide Glacial – avec 120.000 ex. au n° qui s’est aussi doté d’un trimestriel féminin Fluide.G (90.000 ex. au n°), L’Écho des Savanes avec 80.000 ex., Psikopat avec 30.000 ex. ou l’anecdotique n° de Pilote consacré à « La BD nouvelle star du 7e art », tiré à 75.000 ex. Notons aussi l’ambition du nouveau venu Planète BD (édité par Hachette, mais packagé par Mediatoon), lequel propose articles encyclopédiques sur le 9e art, prépublications de « blockbusters » et petits cadeaux pour les collectionneurs : le tirage moyen serait de 25.000 ex. par semaine.
En revanche, les journaux qui publient, principalement, des bandes issues de licences se vendent toujours aussi bien et ils appartiennent, à 88,5%, au groupe Panini, le leader français des éditeurs de bandes dessinées en kiosques ; sans tenir compte des revues (accompagnées, souvent, d’un jouet attractif pour enfants) que cette filiale du groupe italien publie et qui ne contiennent que quelques pages « bédéesques » adaptant des dessins animés ! 14 d’entre elles (8 en 2009) en sont pourtant majoritairement composées – tel Bugs Bunny, Littlest Petshop, My Little Pony, Pixie, Scooby-Doo !, Titi et ses amis, Tom & Jerry, Transformers, Winx Club, Xenox… – et sont tirées entre 35 et 100.000 ex. au n° ! Dans un registre assez proche, notons aussi le dynamisme d’Ankama qui, grâce au succès de leurs jeux vidéo multijoueurs en ligne (dont certains sont adaptés en animes), imposent de nouveaux périodiques publiant quelques bandes dessinées comme Dofus Mag, IG Magazine et Hey ! ou dont il s’agit du principal atout comme Mini-Wakfu Mag (28.000 ex.) ou le comics Remington (10.000 ex.) !
Panini possède également 32 des 36 fascicules avec des comics américains de super-héros (il n’y en avait que 31 en 2009) : en particulier ceux utilisant les marques Marvel (Avengers, Dark Reign, Siege, Spider-Man, Ultimates, Wolverine, X-Men…) ou DC (Batman, Superman, Teen Titans…), tirées entre 15.000 et 30.000 ex. ; à l’exception des titres spécifiquement destinés aux enfants, tel Spider-Man Magazine qui pointe à 90.000 ex. l’été ! Les autres comics traduits en kiosques sont édités par Delcourt (Spawn avec 18.000 ex. et Star Wars entre 25 et 30.000 ex.) ou par des passionnés comme ceux qui ont relancé Strange (12.000 ex. au n°).
En ce qui concerne les périodiques sur les mangas (AnimeLand, Coyote, Daruma, La Gazette de MéluZine, Hard Manga Hentaï, Japan Life Style, Made in Japan, Manga Kids, MK+, Maniak !…), si leurs tirages sont souvent bien plus importants, ils se consacrent toujours, principalement, aux dessins animés et aux jeux.
Quant aux 12 magazines, publiant des bandes dessinées, diffusés partiellement en librairies (Appendix, Be x Boy Magazine, Bile Noire, Cheval de quatre, Dame Pipi Comix, Drozophile, In 8, Jade, Lapin, Turkey Comix, Un Fanzine carré), ils dépassent rarement les 1000 ex., exception faite de Kramix, nouvelle revue éditée par Le Lombard à 85.000 ex. Dans ce même réseau, les revues de bédéphilie sont aussi de plus en plus rares. La « critique savante » comptant de moins en moins d’adeptes, il ne reste plus que 5 magazines érudits (pour 10 en 2009) : L’Avis des Bulles, Gabriel, Hop !, On a marché sur la bulle et Papiers Nickelés, sans oublier les gratuits, organes de réseaux de librairies, comme Bdnews ou Le Magazine Album et Canal BD Magazine avec 65.000 ex. et leur Manga Mag à 33.000 ex. Également donné gratuitement en librairies spécialisées, mais aussi dans les Virgin, FNAC, Leclerc, festivals BD…, Zoo reste le leader en ce domaine avec 105.000 ex. diffusés au n°. Sur le même principe, mais limité à la région lyonnaise, le nouveau M.Bd contient plus de pré-publications.
Enfin, il reste encore 3 revues commentant l’actualité du 9e art diffusées dans le réseau presse : Comic Box (édité par Panini) qui traite exclusivement des comics (tirage de 25.000 ex. au n°) et les plus généralistes [dBD] et CaseMate aux tirages « déclarés », respectivement, à 20.000 ex. et 30.000 ex. au numéro.
Numérique, Internet, « média-mix »… : des marchés balbutiants qui prennent forme et modifient les habitudes des acteurs d’un secteur toujours source d’inspiration pour les autres moyens d’expression.
Évidemment, aujourd’hui, c’est surtout sur Internet que les amateurs vont chercher l’information souhaitée ! Cependant, si la plupart des sites généralistes consacrés à la bande dessinée sont bien toujours en ligne, ils sont beaucoup moins nombreux à offrir des mises à jour régulières : on compte actuellement 32 sites actifs consacrés au 9e art, tandis qu’une dizaine d’autres ne sont plus alimentés. Les rubriques les plus fréquentes sont les critiques d’albums, les news et les interviews d’auteurs. L’information y est plus ou moins bien traitée et la forme est encore trop souvent inadaptée au medium Internet.
Les rédactions étant, pour la plupart, composées de bénévoles passionnés, il est intéressant de constater la vitalité dont elles font preuve. C’est le cas pour actuabd.com, auracan.com, bdgest.com, bdzoom.com, bodoi.info et des 2 nouveaux venus bede-news.com et bd-sanctuary.com ; auxquels il convient d’ajouter les performances habituelles de bd75011.blogspot.com, bdabd.com, bdencre.com, bdetente.com, bdouebe.com, bdselection.com, bdtresor.com, bedeo.fr, citebd.org, du9.org, expressbd.com, generationbd.com, graphivore.be, labd.cndp.f r , mundo-bd.com, neuvieme-art.com, planetebd.com, sceneario.com, toutenbd.com, virus-bd.net, wartmag.com… Parallèlement, il existe aussi une demi-douzaine de bases de données d’albums, de magazines ou d’auteurs (bdtheque.com, bedetheque.com, bdoubliees.com, bdovore.com, coinbd.com…) qui servent surtout de références encyclopédiques.
Signalons également les nombreux sites consacrés aux comics (superpouvoir.com, buzzcomics.net, marveldcuniverse.com, comicbox.com, comicsplace.net, cablechronicles.com, cinecomics.fr, forumcomics.com, comicsvf.com, jalhan-comics.fr, xbee.net, comicscentral.net, comicsheroesreferences.com, france-comics.com…) et aux mangas (manga-news.com et manga-sanctuary.com ou encore animeland.com, animint.com, mangagate.com, mangaverse.net, mangavore.net, mata-web.com, total-manga.com, webotaku.com…), dont l’audience n’en finit pas d’augmenter ; tout comme l’intérêt provoqué par les 10 essais sur les mangas et les 7 sur les comics publiés en 2010 et la place que ces genres ont pris dans la nouvelle édition du Dictionnaire mondial de la BD de Patrick Gaumer, chez Larousse.
Quant à la création, elle est toujours très présente sur le Web, particulièrement grâce à la vivacité des auteurs et à leurs blogs où ils proposent, en ligne, leurs créations, sans être rémunérés. Plus ou moins graphiquement développés, ils associent, la plupart du temps, commentaires et dessins. Aucune statistique officielle n’est disponible, mais en consultant les annuaires des 2 principaux hébergeurs de blogs en France, on peut constater que 6021 blogs sont classés « blogs BD » chez Overblog, et 4268 chez Canal Blog. Un nombre largement sous estimé au regard de la multitude d’hébergeurs et de plateformes internationales comme Dotclear et WordPress : il existerait, au total, près de 15.000 blogs ou webcomics de bande dessinée sur l’Internet. Cependant, rares sont ceux qui ont une grosse audience : d’après le classement Wikio, les 3 plus importants seraient L’Actu en patate de Martin Vidberg, Ma vie est tout à fait fascinante de Pénélope Bagieu et BouletCorp de Boulet.
Le blog est donc le média dominant pour la création de bande dessinée numérique, même si on note quelques mises en activité d’éditions de BD numérique originales, parmi lesquelles Les Autres gens (bdnovela numérique) et Caramba ! Publishing ou des éditeurs communautaires comme Sandawe et Manolosanctis. On remarque également l’existence de sites d’auto-édition de bande dessinée numérique comme Emedion. Toutefois, l’objectif, à terme, de ces oeuvres numériques reste toujours la publication « papier » !
Pourtant, le lectorat potentiel de la bande dessinée numérique ne cesse d’augmenter : 2010 ayant vu apparaître, sur le marché des appareils nomades, de nouveaux « readers » (à papier électronique), « tablettes » et « smartphones » ; nouvelles pratiques de lecture qui se rajoutent à celle – devenue classique – sur ordinateur. Il est difficile de chiffrer l’impact de l’arrivée – attendue et redoutée – de la nouvelle tablette iPad sur le succès de la BD numérique, mais 2010 a globalement été l’année du décollage effectif du livre numérique. On dénombre 6,6 millions de ventes de lecteurs eBook dans le monde. En revanche, en France, le public actuel du livre numérique, dans sa globalité, est très réduit : 5% des Français en lisent et seulement 0,25% utilisent un terminal dédié à cette pratique. Pour ce qui concerne la bande dessinée numérique, on ne peut qu’essayer d’observer les marchés américains et japonais où elle représente une part de marché plus significative.
Mais la question cruciale pour tous les acteurs de la chaîne est celle de la numérisation des bandes dessinées « papier » : le piratage étant le principal souci. L’autre problème, c’est l’ampleur mondiale de 2 distributeurs de livres numériques : Amazon et Google eBooks ; éditeurs, libraires traditionnels et imprimeurs pouvant alors être courtcircuités par ces nouveaux acteurs. Les auteurs de bande dessinée, quant à eux, se soucient de la cession de leurs droits pour la publication en numérique de leurs oeuvres et des revenus que cette numérisation pourrait leur rapporter. C’est dans ce sens que le groupement BD du syndicat des auteurs-compositeurs (SNAC) a lancé, en 2010, un « appel du numérique » où il entend négocier sur ces points avec le SNE : syndicat national de l’édition.
Le milieu de la bande dessinée fourmille donc de confrontations et négociations, cherchant de nouveaux outils et testant les moyens de ne pas rater le train du marché numérique. Difficile de trouver des chiffres de vente mais il est certains que les investissements ne sont, pour l’instant, pas amortis dans ce marché embryonnaire : Ave ! Comics Production, qui allie la technologie à la force de vente, est parvenu à vendre entre 150 et 200 bandes dessinées numériques par jour, sur les 6 derniers mois après la sortie de l’iPad.
En effet, aujourd’hui, les éditeurs choisissent entre céder leurs droits et développer leur propre plate-forme d’expérimentation, afin de garantir la diffusion de leurs albums. En 2010, Glénat s’est associé à Ave ! Comics, tandis que 12 autres éditeurs (dont la plupart appartiennent aux groupes Média-Participations et Flammarion) ont lancé Iznéo : plateforme de téléchargement de bandes dessinées à louer ou à acheter, conçue à la fois comme un terrain d’expérimentation et un outil de promotion. Parmi les autres librairies en ligne spécialisées BD, citons Digibidi ou encore Mobilire BD qui travaille en partenariat avec les libraires indépendants du réseau Canal BD. Cependant, la lecture de bande dessinée numérique sur les appareils nomades à petit écran a des contraintes techniques qui obligent à opter pour un affichage case par case, avec un défilement ou un fondu des cases, à un rythme imposé ou non, avec ou sans son… La course technologique est lancée pour protéger les albums, les adapter à des appareils dont le nombre et la variété se multiplient, les synchroniser entre les supports, les diffuser…
Toujours en mutation permanente, la bande dessinée tente alors de s’adapter aux soubresauts de l’économie et aux arrivées des nouveaux supports, médias et autres technologies. Et comme la consommation de bandes dessinées est de plus en plus stimulée par les nombreuses exploitations télévisées, cinématographiques ou publicitaires, les éditeurs continuent d’accroître leurs investissements (et leurs revenus) dans les activités secondaires ou dérivées : les grandes séries bénéficiant même d’affiches dans les transports publics ou de bandes-annonces sur Internet, comparables à celles des productions cinématographiques ! D’ailleurs, jamais le 9e art n’aura été autant en mouvement, les projets d’adaptations continuant d’affluer et les acteurs passant, sans complexe, devant ou derrière la caméra, tels les Pascal Rabaté, Marjane Satrapi, Riad Sattouf, Joann Sfar et autre Winschluss.
Pourtant, d’autres acteurs du secteur bande dessinée préfèrent se cantonner à l’écriture et l’une des nettes tendances de l’année est l’arrivée de la bande dessinée au rayon roman. Notamment sous l’impulsion des éditeurs japonais de mangas, c’est une véritable vague de novélisations qui s’est abattue sur les librairies francophones. Et contrairement à la tradition qui cédait les droits à leurs confrères spécialisés en littérature, ces ouvrages sont publiés directement, ou en co-édition, par les éditeurs de bandes dessinées eux-mêmes : Kana, Glénat, Bamboo, Panini, Casterman, Le Lombard…
À l’inverse, si les éditeurs sont toujours au tempo du « média-mix » en continuant de proposer des multi-supports (livres accompagnés de DVD, jeux vidéo, figurines ou CD, à l’instar du précurseur que fut BDMusic), il faut aussi noter la tendance de fond qui consiste en la mise en cases des classiques de la littérature. En 2010, 184 titres ont résulté d’une adaptation d’une oeuvre littéraire (soit 4,83% des nouveautés contre 179 et 4,97% en 2009) : un peu comme pour signifier un retour aux valeurs sûres !!!
BILAN TÉLÉCHARGEABLE AVEC ANNEXES
Télécharger au format PDF le Bilan 2010 de l’ACBD et ses nombreuses annexes :
N.B. La moindre utilisation de ces données ou d’une partie d’entre elles doit être obligatoirement suivie suivie de la mention : © Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée) sachant que Marielle Python-Bernicot s’est occupé de l’édition numérique, Marc Carlot des sites Internet consacrés au 9e art, Raphaëlla Barré des blogs bandes dessinées, Manuel F. Picaud des festivals invitant des auteurs BD et Ariel Herbez de lister les parutions suisses.
Merci à mes amis de l’ACBD : Marielle Python-Bernicot, Jérôme Briot, Marc Carlot, Patrick Gaumer, Philippe Guillaume, Antoine Guillot, Brieg F. Haslé, Ariel Herbez, Jean-Philippe Martin, Michel Nicolas, Jean-Christophe Ogier, Fabrice Piault, Manuel F. Picaud, Denis Plagne et Laurent Turpin.
Merci aux attachés de presse ou responsables éditoriaux qui nous ont communiqué les chiffres des tirages : Sébastien Agogué, Jérôme Aragnou, Maud Beaumont, Frédéric Bosser, Marine Bourgeay, Elise Brun, Sophie Caïola, Anne Caisson, François Capuron, Paul Carali, Jérôme Chelim, Bénédicte Cluzel, Évelyne Colas, Alex Commans, Guillaume Coué, Clarisse Coufourier, Bernard Coulange, Benjamine des Courtils, Sébastien Dallain, François Defaye, Kathy Degreef, Jean Depelley, Sandrine Dutordoir, Sylvie Duvelleroy, Serge Ewenczyk, Marie Fabbri, Bruno Fermier, Jean-Luc Fromental, Éléonore de chez Gawsewitch, Marlène Hatchi-Barsotti, Vincent Henry, Dimitri Kennes, Emmanuelle Klein, Sabrina Lamotte, Pierre Léoni, Christine Leriche, Wandrille Leroy, Caroline Longuet, Valérie Meilhaud, Marie Moinard, Olivier Moreira, Thierry Mornet, Laurent Muller, Greg Neyret, Frédéric Niffle, Alexandre Paringaux, Julie Pavillon, Laure Peduzzi, Emmanuelle Philippon, Mathieu Poulhalec, Cécile Pournin, Stan Prozac, Diane Rayer, Allison Reber, Estelle Revelant, Louise Rossignol, Sophie de Saint-Blanquat, Jean-François Sauré, François Tallec, Olivier Thierry, Thierry Tinlot, Denis Velardocchio, Frédéric Vidal, Marie-Thérèse Vieira, Hélène Werlé, Martin Zeller ; et à Didier Pasamonik pour ses précieux et habituels bons conseils.