Une année de bandes dessinées sur le territoire francophone européen
par Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD
- Production : la progression continue pour la 12ème année consécutive : 4313 livres de bande dessinée ont été publiés en 2007 (dont 3312 strictes nouveautés), soit une progression de 4,4%.
- Édition : plus d’acteurs sur le marché, ce qui est un signe de vitalité : 254 éditeurs ont publié des bandes dessinées en 2007, alors que seulement 17 groupes concentrent 74% de la production.
- Optimisation : 90 séries ont bénéficié d’énormes mises en place et ont continué à se placer parmi les meilleures ventes, tous genres de livres confondus.
- Traduction : 1787 bandes dessinées étrangères (dont 1371 venues d’Asie et 253 des États-Unis) ont été traduites : un léger recul de 0,67% par rapport à l’an passé.
- Adaptation et médiatisation : la bande dessinée adapte à nouveau les œuvres littéraires (96 albums en 2007), alors qu’elle inspire de plus en plus les autres moyens d’expressions.
- Pré-publication : présence de 77 revues spécialisées dans les kiosques et les librairies, alors que la bande dessinée trouve un nouveau terrain créatif dans la prépublication sur Internet.
- Disparitions et consécrations : 13 créateurs francophones ont disparu en 2007 et quelque 128 œuvres datant de plus de 20 ans ont été rééditées.
- Satisfaction : malgré tout, 1357 auteurs de bandes dessinées continuent, quand même, à pouvoir vivre de leur métier.
Bilan téléchargeable avec annexesCrédits et remerciements
N.B. : la moindre utilisation de ces données ou d’une partie d’entre elles doit être obligatoirement suivie suivie de la mention : © Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée).
La progression continue pour la 12ème année consécutive : 4313 livres de bande dessinée ont été publiés en 2007 (dont 3312 strictes nouveautés), soit une progression de 4,4%.
Toujours plus ! Ceux qui se plaignaient déjà de la surproduction du secteur vont être déçus car, une fois encore (pour la 12ème année consécutive), la production de bandes dessinées bat tous les records avec 3312 nouveaux albums (soit 76,79% du total des livres concernés par cette spécialité) diffusés dans les librairies francophones, en 2007 (contre 3195 et 77,36%, en 2006) ! Dans le contexte de l’économie du livre en général, ce secteur s’en sort assez bien : la diversité de ses catalogues semblant porter ses fruits.
Par ailleurs, les exploitations cinématographiques et publicitaires du 9ème art se pérennisent. Il faut bien reconnaître qu’aujourd’hui, les moteurs qui tirent la consommation sont plus que jamais le cinéma, la télévision, les dessins animés, les jeux vidéo, Internet et bientôt toutes les autres applications de l’industrie numérique. La commercialisation de cet art à part entière qu’est la bande dessinée est en train de changer : ne serait-ce que par l’omniprésence de ces nouvelles technologies, lesquelles favorisent une visibilité des stocks que ne permet plus la librairie et poussent, quelquefois malgré eux, les différents acteurs de la chaîne du livre à s’adapter !
Ayant par ailleurs parfaitement intégré les notions de marketing et de merchandising nécessaires à son développement, le marché du 9ème art semble même avoir repris un tout petit peu du poil de la bête par rapport à l’année précédente, continuant de marquer son dynamisme dans un domaine pourtant très concurrentiel : une impression générale confirmée par les 2 principaux instituts d’informations marketing du livre, Ipsos et GfK.
C’est surtout l’exploitation de nombreuses nouvelles niches commerciales et le volontarisme des éditeurs (qui sont enfin sortis de leurs contraintes de formats) qui ont permis, ces dernières années, de gagner de nouvelles parts de marché ; même si les différents publics intéressés par ce média se rabattent sur les valeurs sûres et n’ont, finalement, que peu de curiosité pour des domaines qui ne sont pas, a priori, proches de leurs préoccupations.
C’est ce qui pourrait expliquer la difficulté à construire des passerelles entre les 4 principaux lectorats :
– celui des séries asiatiques (1428 nouveaux mangas, manhwas, manhuas et assimilés sont parus en 2007, soit 43,12% des nouveautés ; contre 1418 et 44,38%, en 2006)
– celui des albums franco-belges (1338 titres parus en 2007, soit 40,39% ; contre 1290 et 40,38%, en 2006)
– celui des comics américains (227 recueils parus en 2007, soit 6,85% ; contre 239 et 7,48%, en 2006)
– celui des romans graphiques (319 livres parus en 2007, soit 9,63% ; contre 248 et 7,75%, en 2006)
Les catégories habituelles proposées par les grands éditeurs sont toujours difficiles à répartir (sachant que 839 albums, soit 82,66% des nouveautés, hors mangas et comics, s’inscrivent dans des séries) :
– l’humour progresse avec 324 albums proposés (31,92% du secteur, pour 302 et 28,89% l’an passé), tout comme l’Histoire avec 196 albums (19,31%, pour 189 et 18,08% en 2006)
– le fantastique est en léger recul avec 233 albums (soit 22,96 %, pour 242 et 23,16% en 2006), ce qui est également le cas des thrillers avec 182 albums (17,93%, pour 210 et 20,09% précédemment), et des ouvrages destinés aux plus petits : 80 albums soit 7,88% (pour 102 et 9,76% l’an passé)
Aujourd’hui pleinement reconnue, la bande dessinée représente, avec toutes ses composantes, un peu plus de 6,5% du chiffre d’affaires de l’édition. Elle est aussi l’un des secteurs du livre qui affiche, en 2007, la meilleure progression de ses ventes.
À ces 3312 nouveaux albums jamais encore édités sous cette forme, il faut ajouter :
– 712 rééditions (16,5% du secteur) sous une nouvelle présentation ou éditions revues et augmentées : contre 612 et 14,8% en 2006, soit 100 titres de plus
– 204 Art books et recueils d’illustrations (4,73% du secteur) réalisés par des auteurs bandes dessinées : contre 222 et 5,37% en 2006, soit 18 titres de moins
– 85 essais (1,97% du secteur) : contre 101 et 2,45% en 2006, soit un recul de 16 titres
Nous arrivons ainsi à un total de 4313 livres appartenant au monde de la bande dessinée (4130, en 2006) : soit une augmentation de 183 titres correspondant à 4,4%, contre 530 et 14,7% l’année passée. Sachant que près de 60000 livres ont été publiés en 2007, la bande dessinée représente donc 7,2% de la production (pour 7,5% en 2006) des livres édités sur le territoire francophone européen. Ce recul s’explique par une progression générale du secteur du livre plus rapide que celle de la bande dessinée.
Cette situation du « toujours plus » profite surtout aux grands éditeurs (en ce qui concerne la bande dessinée, ils ont publié 1018 nouveautés, soit 30,74%, contre 1045 et 32,7% en 2006), au détriment de la petite édition (de moins en moins indépendante) et des alternatifs qui progressent pourtant fortement, en totalisant 613 parutions, soit 18,51% des nouveautés (contre 493 et 15,43% en 2006).
Cela n’empêche guère la plupart des acteurs du milieu de continuer à stigmatiser la surproduction, particulièrement pendant les 4 derniers mois de l’année où 1606 albums -soit 37,24% de la production annuelle (contre 1150 et 35,99% en 2006)- ont été mis en place. Et la rentrée bande dessinée (gonflée par les « blockbusters ») commence de plus en plus tôt : 284 bandes dessinées ont été publiées pendant les 10 derniers jours du mois d’août !
Plus d’acteurs sur le marché, ce qui est un signe de vitalité : 254 éditeurs ont publié des bandes dessinées en 2007, alors que seulement 17 groupes concentrent 74% de la production.
Les mutations du monde de la communication offrent des opportunités aux différents opérateurs : rationalisation, regroupements et concentrations sont toujours à l’ordre du jour ! Hachette Livre (qui, à lui tout seul, représente 20,6% du marché du livre) a acheté le label de mangas Pika, alors que Soleil a revendu ses parts d’Asuka à l’éditeur vidéo Kaze. Pendant ce temps-là, Panini a acquis le pôle jeunesse de Cyber Press Publishing (les journaux avec Bugs Bunny, Scooby-Doo !, Titi et Grosminet, Tom & Jerry, Tweety Girls, Schtroumpf…) et le groupe Glénat a finalement repris la société Sefam (alias le catalogue bandes dessinée d’Albin Michel).
Cette consolidation et cette diversification des catalogues des principaux acteurs, ainsi que l’arrivée massive des opérateurs littéraires n’hésitant pas à chasser sur leurs terres (tels Actes Sud, L’Atalante, Denoël, Gallimard, Grasset, Laffont, Lattès, Le Seuil…), obligent les petites structures à être très pertinentes. Pourtant, leur vitalité n’est plus à démontrer : qu’elles explorent des voies graphiques et narratives différentes pour d’autres lecteurs (L’Association, Atrabile, La Boîte à Bulles, Cà et Là, La Cafetière, La Cerise, La 5ème Couche, Cornélius, Le Cycliste, Dynamite, Ego comme X, L’Employé du moi, Les Enfants Rouges, FLBLB, FRMK, Groinge, Les Impressions Nouvelles, Lagarde, Matière, Rackham, Les Requins Marteaux, Les Rêveurs, Sarbacane, 6 Pieds sous Terre, Tartamudo, Vertige Graphic, Warum…), ou qu’elles aient une politique d’édition plus classique (Akileos, Attakus, Clair de Lune, Daric, Des Ronds dans l’O, Flouzemaker, Graton, Hugo, Joker, JYB, Kymera, Lécureux, Marsu, Mosquito, MPF, Nickel, Pavesio, Theloma, Toth, Wetta, Zéphyr…). Néanmoins, en 2007, ces difficultés n’ont pas empêché 254 éditeurs différents (225 en 2006) de publier des bandes dessinées, alors que seulement 17 groupes concentrent, à eux seuls, plus des 2/3 des activités, soit 74% de la production.
Le plus gros producteur de 2007 ? La maison Delcourt qui a publié 484 titres sous son propre label ou sous ses filiales Akata et Tonkam – soit 11,22% de la production (contre 412 et 9,97% en 2006).
Le groupe Média Participations, qui est le 5ème plus important groupe du marché du livre et qui contrôle environ 40% du marché de la bande dessinée francophone, a publié, 474 titres sous ses filiales Dargaud, Kana, Le Lombard, Dupuis, Lucky Comics, Le Caméléon et Fleurus – soit 10,99% (contre 421 et 10,19% en 2006).
Le groupe MC Productions a publié 428 titres sous ses filiales Soleil, Quadrant Solaire, Soleil Manga, Iku comics ou SEEBD (c’est-à-dire Tokebi, Saphira, Kabuto, Akiko) – soit 9,92% de la production (contre 624 et 15,25% en 2006).
Le groupe Flammarion (la filiale française du groupe de communication italien RCS) a publié 316 titres sous ses filiales Casterman, Fluide Glacial, Jungle et Librio – soit 7,33% (contre 262 et 6,34% en 2006).
Le groupe Glénat a publié 295 titres sous son propre label ou sous ses filiales Glénat Mangas, Caravelle, Vents d’Ouest et Vent des Savanes – soit 6,84% (contre 305 et 7,38% en 2006).
Le groupe Panini a publié 250 titres sous ses labels Manga et Comics – soit 5,8% (contre 214 et 5,18% en 2006).
Notons que cet ordre basé sur la productivité ne reflète pas tout à fait la hiérarchie des chiffres d’affaires. Ainsi, d’après Livres Hebdo, en 2006, Albert-René (dont la principale activité est l’exploitation d’Astérix) était à la 5ème place, alors que Delcourt, Soleil, et Panini occupaient, respectivement, les 4ème, 6ème et 7ème position, derrière Média Participations, le groupe Glénat et les filiales de Flammarion.
À ces 7 ténors du marché, il faut rajouter quelques outsiders :
– le groupe Hachette Livres avec 133 titres sous ses filiales Pika, Disney, M6, TF1, EPA, Grasset, Jean-Claude Lattès, et bientôt Harlequin – soit 3,08% (contre 145 et 3,51% en 2006)
– le groupe Tournon avec 125 titres sous ses filiales Carabas, Semic et Kami -soit 2,9% (contre 102 titres et 2,47% en 2006)
– Bamboo avec 123 titres – soit 2,85% (contre 105 et 2,54% en 2006)
– Les Humanoïdes associés avec 100 titres – soit 2,32% (contre 110 et 2,66% en 2006)
– Taïfu avec 92 mangas – soit 2,13% (contre 81 et 1,96% en 2006)
– le groupe Editis avec 74 titres sous ses filiales Kurokawa, Hors Collection et Robert Laffont – soit 1,71% (contre 72 et 1,74% en 2006)
– le groupe La Martinière avec 71 titres sous les filiales EP, Le Seuil, Danger Public et Petit à petit – soit 1,64% (contre 76 et 1,62% en 2006)
– le groupe Gallimard avec 62 titres sous son propre label ou sous ses filiales Futuropolis (détenue à 50% avec Soleil), Denoël Graphic et Hoëbeke – soit 1,44% (contre 51 et 1,23% en 2006)
– Paquet avec 60 titres – soit 1,39% (contre 76 et 1,84% en 2006)
– Asuka avec 55 mangas – soit 1,27% (contre 89 et 2,15% en 2006)
– le groupe Bayard avec 53 titres sous son propre label ou sous ses filiales Milan et Treize Etrange – soit 1,23% (contre 47 et 1,14% en 2006)
90 séries ont bénéficié d’énormes mises en place et ont continué à se placer parmi les meilleures ventes, tous genres de livres confondus.
D’après l’hebdomadaire professionnel Livres Hebdo, la bande dessinée figurerait parmi les secteurs de l’édition dont les ventes ont le plus progressé en 2007, avec le parascolaire, les essais et la jeunesse.
Cependant, cela n’a vraiment été sensible que dans les grands magasins, le système actuel profitant surtout aux « blockbusters » et aux mangas, ouvrages que l’on trouve plus facilement dans les hypermarchés, les FNAC, les Virgin et autres grandes surfaces de consommation culturelle : d’autant plus que la durée d’exposition des livres n’a jamais été aussi courte. Surtout en fin d’année où la mise en place, en 4 mois, de 32 titres au gros potentiel commercial, exigeant d’énormes efforts marketing, a pu contribuer à faire exploser les budgets.
Enfin, comme le taux de retours continue d’augmenter, en réaction à l’inflation de la production, le tirage moyen baisse toujours : même celui de certaines « locomotives » est sérieusement revu à la baisse. Néanmoins, 90 séries ont été tirées à plus de 50.000 exemplaires (contre 85 en 2006 et 77 en 2005) : voilà qui permet de doper le marché global de la bande dessinée !
Ainsi, d’après les chiffres communiqués par les éditeurs, les 10 plus gros tirages (hors mangas) de 2007 sont :
– les 2 derniers albums de XIII de Van Hamme, l’un avec Giraud, l’autre avec Vance (550.000 ex. chacun)
– Largo Winch de Van Hamme et Francq (455.000 ex.)
– Le petit Spirou de Tome et Janry (415.000 ex.)
– Astérix et ses amis, collectif hommage à Uderzo (400.000 ex.)
– Kid Paddle de Midam (380.000 ex.)
– Boule et Bill de Verron (350.000 ex.)
– Le Chat de Geluck (320.000 ex.)
– Lanfeust des étoiles d’Arleston et Tarquin (300.000 ex.)
– Thorgal de Sente et Rosinski (250.000 ex.)
– et le Quatre ? de Bilal (240.000 ex.)
Viennent ensuite Les Profs d’Erroc et Pica, La quête de l’oiseau du temps de Le Tendre, Loisel et Aouamri (200.000 ex.), Trolls de Troy d’Arleston et Mourier, Les tuniques bleues de Cauvin et Lambil (170.000 ex.), Kaamelott de Astier et Dupré (160.000 ex.), Gaston : 1957-2007, compilation de gags signés Franquin (150.000 ex.), Adèle Blanc-Sec de Tardi (140.000 ex.), Le cycle de Cyann de Bourgeon (135.000 ex.), Les Schtroumpfs du studio Peyo (125.000 ex.), et beaucoup d’autres séries – souvent déjà bien établies ou purs produits de marketing – qui contribuent également à la bonne santé du marché du 9ème art, au fait de faire vivre décemment quelques auteurs, ainsi que toute la filière du livre, et à amortir les albums moins rentables.
Du côté des mangas, la situation est encore plus tendue puisqu’il n’y a que 9 séries (publiées chez 4 éditeurs, seulement) qui assurent plus de la moitié des ventes dans leur globalité (toujours d’après Livres Hebdo/Ipsos) : Naruto représentant à lui tout seul 19% des parts de marché en volume, soit 5 millions d’exemplaires vendus au total, dont plus d’1 million au cours de la dernière année, avec un tirage qui atteint désormais les 220.000 exemplaires à chaque nouveau tome (et il y en a eu 7 en 2007) ! Bien loin derrière, on retrouve l’indémodable Dragon Ball avec 9% des parts de marché (15 millions d’exemplaires vendus en cumul, et des rééditions tirées à 120.000 ex. chacune), One Piece avec 5% (en 2007, 5 nouveaux volumes ont été tirés à 65.000 ex.), Fullmetal Alchemist avec 4% (6 volumes tirés, en moyenne, à 83.000 ex. en 2007), Samurai Deeper Kyo avec 3% (6 volumes à 66.000 ex. en 2007), Fruits Basket avec 3% (4 volumes à 90.000 ex. en 2007), Death Note avec 3% (7 volumes à 137.000 ex. en 2007), Bleach avec 2% (5 volumes à 50.000 ex. en 2007) et Détective Conan avec 2% (2 tomes à 30.000 ex. en 2007) !
Si l’on se réfère à ces chiffres (guère éloignés de ce que pourraient être les ventes réelles lorsqu’une série a trouvé son rythme de croisière), on constate que l’écart se creuse toujours entre les « best-sellers » et le peloton des ventes moyennes : lequel doit se situer, désormais, autour des 6000 exemplaires, en tenant compte de toute l’édition bande dessinée.
Comme il est de plus en plus difficile de réaliser de fortes mises en place sur les nouvelles séries et sur les albums plus singuliers, les éditeurs continuent de renforcer leur politique de marques.
Bien entendu, ce sont les éditeurs alternatifs qui ont le plus de mal à survivre dans ce contexte où les diffuseurs et les distributeurs sont les maillons les plus forts de la chaîne du livre : voilà qui expliquerait, en partie, pourquoi quelques éditeurs dits indépendants (Cornélius, Les Requins Marteaux, mais aussi Les Humanoïdes associés) quittent certaines structures de diffusion pour d’autres cieux plus porteurs économiquement parlant !
Et même si le marché du livre privilégie toujours la nouveauté au détriment du fonds, les éditeurs valorisent ce dernier en multipliant les rééditions sous forme d’intégrales (246 titres, pour 216 en 2006), d’éditions « new-look » (380 titres, pour 268 en 2006) ou de tirages de luxe (86 titres, pour 71 en 2006).
1787 bandes dessinées étrangères (dont 1371 venues d’Asie et 253 des États-Unis) ont été traduites : un léger recul de 0,67% par rapport à l’an passé.
Avec des frais structurels moins coûteux, un contenu proche des préoccupations d’un public différent et impliqué, et une offre diversifiée, la bande dessinée asiatique domine toujours la production avec 1371 albums (contre 1418 en 2006), ce qui correspond à 528 séries traduites (contre 509 en 2006) : 1152 albums viennent du Japon (1110 en 2006), 130 de Corée (259 en 2006), 74 de Chine et de Hong Kong (41 en 2006), et 15 de Malaisie, Singapour, Taïwan, Thaïlande, et d’Inde (8 en 2007).
Notons que les nouveaux tomes des séries (32,3% des albums asiatiques traduits, contre 35,9% en 2006) se succèdent dans des délais très rapprochés : c’est l’une des principales causes de l’inflation de la production.
Il faut cependant remarquer que la croissance et le dynamisme des mangas – même s’il semble qu’une certaine stagnation commence à se produire- reste constant : 1 bande dessinée vendue sur 3 est toujours d’origine asiatique, et les mangas représentent encore 1/4 du chiffre d’affaires des éditeurs spécialisés. Cela ne se fait au détriment d’aucun des autres segments du marché : ceci s’expliquant par la fidélité de chaque lectorat.
Fait remarquable cette année, nous assistons à une augmentation des tentatives réalisées par des auteurs européens s’inspirant des différents codes graphiques et narratifs des mangas. Des éditeurs, tels Akiléos, Ankama, Le Caméléon, Carabas, Delcourt, Les Humanoïdes associés, Pika ou Soleil en ont publié 57, en 2007.
D’un autre côté, chez Soleil (où un label Fusion Comics est en préparation, en association avec Panini), des graphistes asiatiques illustrent les scénarios d’auteurs francophones.
Ces essais (tirées au mieux à 30.000 ex.) sont encore loin de rivaliser avec les 9 principales vedettes qui assurent 50% des ventes du secteur ; mais, à l’instar des manhwas coréens (les plus gros tirages avoisinent les 30.000 ex.) et des manhuas chinois (7000 ex.), ils ont réussi à fidéliser un public plus jeune et plus féminin que celui des traditionnels albums franco-belges.
Longtemps décriée, la bande dessinée japonaise a trouvé sa place dans le paysage culturel. Pour preuve : le succès du festival Japan Expo au Parc des expositions de Paris-Nord Villepinte (83.000 visiteurs en 3 jours, et la mise en avant de nombreuses récompenses éditoriales dont le Prix Asie-ACBD décerné à Gen d’Hiroshima de Keiji Nakazawa, aux éditions Vertige Graphic).
Par ailleurs, les rééditions des bandes dessinées venues d’Extrême-Orient sont de plus en plus nombreuses, atteignant, cette année, le chiffre de 138 (contre seulement 72 en 2006). Ainsi, de nombreux classiques, encore inédits en langue française, sont désormais aux catalogues des 40 éditeurs francophones publiant des bandes dessinées asiatiques (ils étaient 30 en 2006).
D’après Ipsos, sur la période janvier-mai 2007, 7 d’entre eux tiennent l’essentiel du marché des mangas traduits en français. Il s’agit de Kana (qui a fêté ces 10 ans et qui représente 33% du marché), de Glénat Mangas (25%), de Delcourt par l’intermédiaire d’Akata et de Tonkam (11%), de Pika (10%), de Kurokawa (7%), de Panini Manga (5%), et de Soleil Mangas avec ses filiales SEEBD ou Iku comics (3%) : ces derniers ayant réalisé 94% des ventes de mangas en volume.
Ce qui veut dire que Akileos, Asuka, Imho, Ki-Oon, Le Lézard noir, Taïfu, Hentai Dojin, les labels asiatiques de Bamboo, Carabas, Casterman et Milan, Drakosia, Toki, Xiao Pan ou You-Feng (spécialistes de la BD chinoise), et les généralistes Actes Sud, Clair de Lune, Cornélius, L’Erudit, Paquet, Picquier, Seuil, Tête Rock, Vertige Graphic… ne représentent, à eux tous, que 6% du marché !
Enfin, la passion du public pour les mangas (anime et bande dessinée) se retrouve sur les sites du Net parlant de leur centre d’intérêt (animeland.com, animint.com, mangagate.com, mangavore.net, manga-news.com, manga-sanctuary.com, mangaverse.net, the-ryoweb.com, ou encore webotaku.com) – lesquels ont des fréquentations parfois bien supérieures à ceux de la bande dessinée classique, surtout s’ils proposent des inédits en ligne (souvent piratés d’ailleurs) – ou dans les 15 essais qui leur ont été consacrés en 2007.
Comme les années précédentes, après le Japon, c’est les États-Unis qui restent les principaux pourvoyeurs de bandes dessinées : 253 en 2007, soit 7,64% des nouveautés, contre 239 et 7,48% en 2006.
Le leader de ce secteur est plus que jamais Panini, multinationale dont l’activité est en pleine expansion et qui possède, pour l’Europe, l’exclusivité des droits des comics Marvel (l’éditeur américain de X-Men et Spider-Man dont les tirages francophones sont de 55.000 ex. dans le meilleur des cas), DC (Batman et Superman), Wildstorm, ABC et Vertigo.
Par ailleurs, on dénombre aussi 63 traductions italiennes (contre 54 en 2006), 24 espagnoles (contre 27 en 2006), 13 anglaises, 9 allemandes, 6 hollandaises, 5 argentines… soit, au total, 1787 traductions (contre 1799 l’an passé) – venant de 26 pays différents -, c’est-à-dire 53,95% (56,3% en 2006) des nouveautés.
Notons enfin que la bande dessinée francophone s’exporte de mieux en mieux à l’étranger notamment grâce aux romans graphiques dont la forme (proche de celle des mangas) est beaucoup plus économique.
V – ADAPTATION ET MÉDIATISATION
La bande dessinée adapte à nouveau les œuvres littéraires (96 albums en 2007), alors qu’elle inspire de plus en plus les autres moyens d’expressions.
Pour recruter davantage de lecteurs et conquérir de nouveaux marchés, la plupart des éditeurs continuent à rivaliser d’imagination pour créer de nouveaux espaces ou formats de création : les collections Punaise et Puceron pour les enfants chez Dupuis, celles accueillant des thrillers ésotériques ou économiques comme Terres secrètes ou 12 septembre chez Soleil, Politics au Seuil, le label rock KSTR chez Casterman, le feuilleton mensuel à 1 euro et les one-shot à 5 euros chez Paquet…
Néanmoins, force est de constater que la tendance 2007 est de revenir à un procédé datant des origines de la bande dessinée : l’adaptation et mise en images des classiques de la littérature et du théâtre (ce qui est le cas de 96 titres en 2007, pour 47 en 2006), via de nouveaux labels : Adonis, Ex-libris chez Delcourt, Fétiche chez Gallimard, Théâtre en BD chez Petit à petit… en attendant Noctambule chez Soleil.
Pourtant, le 9ème art, lui-même, est de plus en plus source d’adaptation et le poids commercial des droits dérivés ou des déclinaisons en animations, films, romans… grossit tous les ans ; à l’instar de ce qui se passe au Japon où les mangas fournissent, et ce depuis longtemps, environ 60% de la production mondiale de dessins animés (source : Matsumoto Kubo).
D’ailleurs, 2007 est même une année assez remarquable pour ces médias impliquant les auteurs de bandes dessinées francophones ; ne serait-ce que :
– par le succès phénoménal du Persépolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud (alias le dessinateur Winshluss)
– par l’intérêt persistant d’acteurs majeurs pour les jeux vidéo (Ubisoft, Atari ou Mindscape) sur de célèbres personnages (Astérix, Titeuf, Dragon Ball, Naruto, Kid Paddle, Lanfeust, Lucky Luke, Trolls de Troy…), sans oublier les productions de White Birds, la société du dessinateur Benoît Sokal
– par l’intérêt croissant des éditeurs littéraires et des producteurs de téléfilms pour les scénaristes du secteur (Jean Van Hamme s’attaque à une fresque historique pour France 2, Monsieur Jean des Dupuy-Berberian est librement adapté dans le film Ce soir, je dors chez toi, la version roman du Triangle secret de Didier Convard est proposée chez Mazarine…)
– et par la vitalité de la production de dessins animés en France qui serait, aujourd’hui, à la 3ème place sur le plan mondial (avec, en 2007, les réussites télévisées de Franky Snow, de Chico Mandarine, et des nouvelles saisons de Titeuf ou de Cédric, ainsi que le film d’animation Tous à l’Ouest avec Lucky Luke)
Ce principe qui consiste à faire sortir les héros de leurs cases va d’ailleurs se poursuivre avec des déclinaisons multisupports de Noodles !, XIII, Largo Winch, Thorgal, Le tueur, Marsupilami, Nikopol, Siegfried, Lou, Silence, du Muchacho d’Emmanuel Lepage (prix de la meilleure BD adaptable au cinéma, décerné à l’occasion du Forum Cinéma et Littérature de Monaco), et même de l’arlésienne Tintin par Spielberg : voilà qui marque, une fois de plus, la pénétration accrue de la bande dessinée dans l’imaginaire collectif !
À l’inverse, la capacité d’absorption du 9ème art est assez étonnante puisque nous sommes dans une phase de métissage intensif avec l’arrivée d’auteurs et de genres venus d’ailleurs. D’où une pléiade de chanteurs, humoristes, acteurs, réalisateurs ou romanciers à succès devenus, en quelques années, auteurs ou héros de bandes dessinées : un élément qui s’ajoute au foisonnement de la production actuelle pour un art qui est devenu l’une des composantes essentielles de l’industrie du divertissement !
Rappelons également que certains éditeurs n’hésitent pas à proposer un DVD ou un CD en complément des albums, comme Adonis, Ici d’Ailleurs, et surtout Nocturne qui en fait d’ailleurs la base de son intéressante production tirée, en moyenne, à 2000 exemplaires.
Par ailleurs, les images de bandes dessinées se retrouvent dans les 204 recueils d’illustrations publiés en 2007, dont 59 recueils de dessins d’humour et 98 textes illustrés.
Ce va-et-vient incessant entre les supports offre des opportunités insoupçonnées à la bande dessinée, laquelle profite ainsi d’une meilleure mise en valeur dans les médias généralistes. En effet, nombreux sont les journalistes qui parlent du 9ème art et qui le valorisent dans tous nos quotidiens et magazines ; mais aussi à la radio, et même à la télévision sur les chaînes privées (l’émission Un monde de bulles, sur Public Sénat, vient de fêter sa 100ème) ou publiques (surtout sur Arte et France 2) : même si, c’est un constat, il reste beaucoup à faire quant à la régularité, la quantité et la qualité des contenus.
Les plus volontaires et les mieux informés d’entre eux, conscients du travail à déployer auprès des principaux décideurs, sont réunis au sein de l’ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée), et ils remettent tous les ans le Grand Prix de la Critique à un album remarquable paru dans l’année ; en 2007, il a été décerné à Seules contre tous de Miriam Katin au Seuil (voir ici).
Présence de 77 revues spécialisées dans les kiosques et les librairies, alors que la bande dessinée trouve un nouveau terrain créatif dans la prépublication sur Internet.
L’Intention n’aura vécu que le temps de 3 numéros, L’Écho des Savanes a disparu des kiosques mais pourrait connaître une 2ème nouvelle vie au sein du groupe Glénat et sous la rédaction en chef de Tronchet (le créateur de Raymond Calbuth et de Jean-Claude Tergal), les éditions Soleil ont suspendu la parution du mensuel Suprême Dimension pour le transformer en un trimestriel format tabloïd, mais, surtout, les journaux principalement composés de licences issues de la Warner (Bugs Bunny, Scooby-Doo !, Titi et Grosminet, Tom & Jerry…) ont été repris par le groupe Panini : ce dernier devenant, grâce à cette opération, le principal éditeur de bandes dessinées en kiosques en France !
Par ailleurs, si Tchô a fêté son 100ème numéro (tiré à 105.000 exemplaires), si le nouveau bimestriel Cargo Zone démarre plutôt bien, et si certains de ces supports ancestraux de la bande dessinée ne s’en sortent pas si mal grâce à leur forte identité (c’est le cas de Fluide Glacial, de Lanfeust Mag, et des revues disneyiennes comme Le Journal de Mickey ou Picsou Magazine), les 24 journaux spécialisés proposant, la plupart du temps, des créations de bandes dessinées européennes, arrivent difficilement à s’imposer dans le réseau presse ! Que ce soit Spirou, Pif Gadget, Boule & Bill, Cap’tain Swing !, Psikopat, BoDoï, Comic Box, [dBD]… sans oublier Shogun Mag, le magazine des mangas réalisés par des Européens, qui s’est transformé en Shogun Shonen, Shogun Seinen et Shogun Life !
D’ailleurs, même en ce qui concerne les revues sur les mangas, on s’aperçoit que les magazines qui sont exposés se consacrent plus souvent à l’anime et aux jeux qu’à la bande dessinée : à l’instar d’AnimeLand, Coyote, Dofus Mag, Geisha, Hard Manga, Japan Vibes, Manga Kids, Maniak !, Planet Manga, Score Asia…
Dans ce contexte difficile, seuls les 29 fascicules (il y en avait 31 en 2006) proposant des comics américains super-héroïques ont l’air de mieux résister : 89,6% d’entre eux sont édités par Panini (tels ceux utilisant des marques Marvel ou DC : Spider-Man, X-Men, Wolverine, Fantastic Four, Ultimates, Icons, Universe et Heroes, Batman, Superman, Civil War, Infinite Crisis, Simpson…), les autres appartenant aux productions Delcourt (Spawn, Aspen et Star Wars).
Par ailleurs, certains supports papier préfèrent la distribution en librairies :
– à l’instar des 10 revues publiant des bandes dessinées (Bile Noire, Blam !, Choco Creed, Comic Cue, Cosmic Street, Fusée, Jade…), alors qu’elles étaient 14 en 2006
– ou des 13 magazines érudits (L’Avis des Bulles, Le Collectionneur de Bandes Dessinées, Comix Club, Hop !, La Lettre, Neuvième Art, On a marché sur la bulle, Papiers Nickelés…) qui étaient au nombre de 16 en 2006 ; mais leur situation n’est guère meilleure… ; à moins qu’ils soient totalement gratuits comme Le Magazine Album et Canal BD Magazine (qui se sont dotés d’un bimestriel Manga), Zoo, Ping Pong, L’Inédit,ou Bulles d’Été (également diffusé sur les aires d’autoroutes).
Enfin, 395 albums ont été pré-publiés dans les magazines (soit 11,92% des nouveautés, contre 299 et 9,36% en 2006), et les quotidiens Le Monde (et l’hebdomadaire Le Monde 2) ou Le Soir ont repris l’idée des ventes couplées avec albums, l’un proposant l’intégrale Blake et Mortimer d’Edgar P. Jacobs (pour les 20 ans de sa disparition), l’autre les 2 derniers XIII en 1 double livre.
Cependant, la création et l’actualité de la bande dessinée sont surtout présentes sur Internet ! Soit sur les 226 blogs et sites d’auteurs professionnels francophones (proposant extraits de projets, planches inédites, opinions diverses…), soit sur quelques-uns des 32 sites d’informations généralistes sur le 9ème art.
Ces derniers sont de plus en plus consultés grâce à la convivialité de leurs forums, le sérieux de leurs chroniques, leurs bases en ligne, leurs jeux et concours… : les leaders étant les sites communautaires bdgest.com (avec 18.500 visiteurs uniques par jour) et coinbd.com (5000).
D’autres sites, peut-être moins participatifs ou ludiques, sont aussi très performants et informatifs ; tel l’autre leader qu’est actuabd.com (avec 4700 visiteurs uniques par jour), suivi par bdzoom.com (3600), bdoubliees.com, toutenbd.com (3500), planetebd.com (3300), sceneario.com (3150), auracan.com (3000), bdselection.com (2500), bdtheque.com (2160), atelierbd.com (2000), graphivore.be (1630), bdtresor.net (1200), labd.cndp.fr (1000), krinein.com/bd (850), bandedessinee.info (790), bdetente.com (600), clairdebulle.com (550), neuvieme-art.com (500), bdcentral.com, 1001bd.com, bulledair.com, du9.org, bdouebe.net, notembulles.info, eurobd.com, blam.be, wartmag.com…, ou encore les derniers nés que sont bedeo.fr (1500) et expressbd.com : sachant que la référence qu’était bdparadisio.com est, pour le moment, provisoirement en sommeil.
Aujourd’hui, tous les éditeurs, festivals ou librairies spécialisées ont leur propre site vantant ou vendant ses mérites : il existe même des webmagazines (payants ou gratuits) comme Trame 9 ou Bulle d’Encre !
Et encore, Internet n’a pas encore atteint tout son potentiel ! Dans l’avenir, les supports vont se démultiplier : téléphones portables, i-mode, consoles de jeux…
VII – DISPARITIONS ET CONSÉCRATIONS
13 créateurs francophones ont disparu en 2007 et quelque 128 œuvres datant de plus de 20 ans ont été rééditées.
Hélas, chaque année apporte son lot de disparitions… En 2007, en ce qui concerne les auteurs de l’Europe francophone, la profession a appris, quelques fois avec beaucoup de retard, celles de :
– Robert Moreau (Dicky le fantastique, Trompette, Les petites chipies…)
– Maurice de la Pintière (peintre vendéen qui a aussi œuvré pour la presse enfantine de l’après-guerre)
– Pierre Probst (l’illustrateur de Caroline, mais aussi de plusieurs albums se rapprochant de la bande dessinée)
– Didier Lefebvre (sujet et co-auteur du Photographe, trilogie qui reçu un « Globe de cristal », prix culturel très important récompensant pour la 1ère fois une bande dessinée)
– Georges Troisfontaines (créateur de la World Press et des 13 premières pages de Buck Danny)
– Robert Gigi (Scarlett Dream, Orion, Agar, Ugaki…)
– Patrice Duvic (écrivain de science-fiction et scénariste de bandes dessinées occasionnel)
– Yvan Delporte (scénariste et rédacteur en chef de Spirou)
– François Clauteaux (l’un des fondateurs du journal Pilote)
– Serge Saint-Michel (scénariste pour les revues enfantines à destination de l’Afrique francophone)
– Arnaud Leterrier (Les chasseurs de rêves)
– Thomas Clément (Tout va bien)
– Annie Baron-Carvais (auteure du Que sais-je sur la bande dessinée et membre de l’ACBD)
Notons, par ailleurs, que les œuvres de certains auteurs classiques, connues d’un petit groupe d’amateurs, ne survivent que grâce à de toutes petites structures comme ABDL, Les Amis de Le Rallic, ANAF, Antarès, Le Coffre à BD, Le Cousin Francis, L’Elan, Flouzemaker, Hibou, Pan Pan, Regards, Taupinambour, ou Triomphe. Elles rééditent différentes séries (signées Martial, René Giffey, Etienne Le Rallic, Sirius, Francis, Marcel Remacle, Charles Degotte, Paul Deliège, Pat Mallet, René Brantonne, Henry Le Monnier, Maurice Tillieux, Raymond Macherot, Dino Attanasio, Tibet, Gérald Forton, Greg, René Pellos, Ramon Monzon, Dimitri, Jacques Kamb, Alain d’Orange, Roger Bussemey, Loÿs Pétillot, Jean Acquaviva, Noël Gloësner, Maurice Cuvillier, Marie-Mad ou Gervy) qui, sans eux, seraient tombées dans l’oubli. Ils font là un travail de mémoire indispensable ! D’ailleurs, la plupart de ces auteurs ne sont guère cités dans les 85 livres écrits sur le 9ème art (dont 52 monographies et 22 guides pratiques) !
Certains éditeurs plus armés financièrement (comme L’Association avec Francis Masse et Jean-Claude Forest, Dargaud avec Claire Bretécher, Dupuis avec Will, Maurice Rosy, Maurice Tillieux, Roger Leloup, François Walthéry et André Franquin, Glénat avec Paul Gillon, Roger Lécureux et Jean Chakir, Graton avec Jean Graton, Le Lombard avec Tibet, André-Paul Duchâteau, Franz, Will et Yvan Delporte ou Le Seuil avec Francis Masse et Raymond Poïvet) entretiennent, eux aussi, le patrimoine francophone du 9ème art. Au final, en cette année des 50 ans de Gaston Lagaffe et des 30 ans de la mort de René Goscinny, 128 titres datant de plus de 20 ans, inédits ou introuvables, soit 3,86% des nouveautés (contre 133 et 4,16% en 2006), ont été édités en album.
Malgré tout, 1357 auteurs de bandes dessinées continuent, quand même, à pouvoir vivre de leur métier.
Seulement, est-ce que tous les 1357 auteurs (contre 1325 en 2006) qui arrivent à vivre de ce mode d’expression (sans être obligatoirement inscrits comme professionnels), laisseront une trace dans le futur ? Pour l’instant, il leur faut survivre dans un contexte de plus en plus difficile, en ayant au moins 3 albums disponibles et un contrat en cours ou en travaillant régulièrement pour la presse, afin de s’assurer un revenu moyen.
Depuis le 16 février 2007, les intérêts économiques et sociaux, ainsi que les droits moraux de ces 1357 créateurs -dont 137 sont des femmes (soit 10,09%, pour 134 et 10,11%, en 2006), et dont 232 sont scénaristes sans être également dessinateurs (soit 17,09%, pour 223 et 16,83% en 2006)- sont défendus par un groupement « bande dessinée » au sein du SNAC (Syndicat National des Auteurs et des Compositeurs). Cette structure, créée grâce à certaines pointures comme Alfred, Christophe Arleston, Virginie Augustin, Alain Ayroles, Denis Bajram, Joseph Béhé, David Chauvel, Frank Giroud, Richard Guérineau, Cyril Pedrosa, Valérie Mangin, Lewis Trondheim et Fabien Vehlmann, était nécessaire. Aujourd’hui, dans l’univers en pleine mutation de la bande dessinée francophone, les auteurs ont plus que jamais besoin d’être épaulés, afin de faire valoir leurs droits !
N.B. : la moindre utilisation de ces données ou d’une partie d’entre elles doit être obligatoirement suivie suivie de la mention : © Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée).
Merci à mes amis de l’ACBD : Jérôme Briot, Virginie François, Patrick Gaumer, Philippe Guillaume, Brieg F. Haslé, Ariel Herbez, Jean-Christophe Ogier, Fabrice Piault, Denis Plagne et Laurent Turpin.
Merci aux attachés de presse ou responsables éditoriaux qui nous ont communiqué les chiffres des tirages : Patrick Abry, Sébastien Agogué, Jérôme Aragnou, Agnès Bappel, Marlène Barsotti, Maud Beaumont, Pol Beauté, Cécile Bergeret, Marine Bourgeay, Emmanuel Bouteille, Sonia Brindejonc, Elise Brun, Eric Bufkens, Anne Caisson, Sophie Cardoso, Yamila Castro, Sylvie Chabroux, Morgan Charpentier, Bénédicte Cluzel, Evelyne Colas, Bernard Coulanges, Benjamine des Courtils, Sébastien Dallain, Loïc Dauvillier, Valérie David-Gooris, Kathy Degreef, Daniel Depessemier, Stéphane Duval, Sylvie Duvelleroy, Serge Ewenczyk, Benoit Frappat, Gurvan Friderich, Vincent Henry, Michel Jans, Bernard Joubert, José Jover, Emmanuelle Klein, Sabrina Lamotte, Catherine Leclerc, Christophe Lemaire, Pierre Léoni, Alix Lepinay, Christine Leriche, Caroline Longuet, Maly Mann, Philippe Marcel, Marie Moinard, Philippe Morin, Greg Neyret, Bérengère Orieux, Marie-Paule Noel, Guillaume Pahlawan, Olivier Petit, Emmanuelle Philippon, Arnaud Plumeri, Mathieu Poulhalec, Emmanuel Proust, Diane Rayer, Géraldine Rémond, Estelle Revelant, Florence Richaud, Bruno Théol, Marie-Thérèse Vieira, Hélène Werlé ; et à Didier Pasamonik pour ses précieux conseils.